Le Mexique s’est dit prêt à rejoindre les appels pour la tenue d’une réunion d’urgence de l’Opep avec les producteurs non-Opep afin de stabiliser les prix. Cependant, le refus de l’Arabie saoudite, du Koweït, de l’Iran et de la Russie de réduire leur production compromet la réussite d’un tel sommet si, du reste, il arrive à se tenir.
« Le prix du baril de pétrole pourrait descendre très prochainement à 20 dollars, en raison de la faible demande et du surplus de l’offre sur le marché. Ce serait un niveau de prix jamais atteint depuis deux décennies », ont prédit vendredi les analystes de la banque américaine Goldman Sachs.
L’offre, expliquent les analystes de cette banque cotée à la bourse de New York, « est beaucoup plus abondante que ce à quoi nous nous attendions, et nous prévoyons que cette offre restera excédentaire durant toute l’année 2016, compte tenue de l’offre des pays de l’Opep qui est appelée à croître et du le maintien à niveau de celle des producteurs extra-Opep. Aussi, faudrait-il prendre en considération le ralentissement de croissance de la demande mondiale, avec les risques d’une demande chinoise encore plus faible. Tous ces paramètres nous permettent de prévoir une baisse de prix jusqu’à 20dollars, jamais connu depuis les années 90 ».
L’Agence internationale de l’énergie AIE a prévu, de son côté, une baisse de 0,5 millions de barils par jour (mbj) de l’offre des pays extra-OPEP pour l’année à venir. Une baisse qui toucherait précisément l’offre du schiste américaine. « La baisse serait de 0,4 mbj pour le seul pétrole de schiste américain », anticipait l’AIE dans son rapport mensuel publié le 11 septembre.
Les appels à un sommet OPEP-non OPEP trouvent des échos
Le Qatar a réaffirmé cette semaine que la demande du Venezuela pour tenir un sommet d’urgence des pays de l’OPEP avec les producteurs extra-Opep était à l’étude. Les pays, membres de l’OPEP et les producteurs non-Opep vont répondre à la demande de réunion d’urgence formulée par le Venezuela. « Ce groupe tentera de se rencontrer pour essayer de stabiliser les prix du brut mais la question n’est qu’au stade de l’étude », précise le ministre qatari de l’Énergie et de l’Industrie Mohammed Al Sada.
Ce dernier, qui préside la conférence de l’Opep, démarque la position de son pays, qui a besoin d’un prix du baril à 80 dollars, à celle de ses voisins, l’Iran, l’Arabie saoudite et le Koweït, qui non seulement refusent la tenue de cette réunion, mais la jugent aussi non nécessaire.
Outre l’Arabie Saoudite qui ne manque pas de rappeler son opposition à la rediscutions de la baisse de l’offre de 200.000 b/j pour soutenir les prix, le Koweït – qui a annoncé aujourd’hui la découverte d’un large gisement de gaz qui permettrait d’augmenter sa production d’un million de b/j dans les deux prochaines années – reste également sceptique à l’organisation d’une réunion urgente.
Même si cette réunion arrive à se concrétiser, « l’OPEP pourrait juste étudier des propositions », car « sans la Russie et d’autres grands producteurs non-OPE, il sera difficile de concevoir une baisse des prix », estiment des experts de la société américaine multimédia des services financiers The Motley Fool.
La Russie, ce deuxième plus grand producteur de pétrole hors-Opep, avec 10,58 millions de b/j 2044, se dit, favorable à une réunion et à une négociation avec les pays du cartel pétrolier, mais pas à une réduction de l’offre. « Il est difficile pour la Russie de réduire la production de ses puits STI (puits des réions arctiques), et ce, en raison de la différence de technologie des STI nécessaire pour extraire le pétrole sur les régions arctiques », a déclaré samedi, aux médias russe, le ministre russe adjoint du Pétrole Arkadi Dvorkovitch.
En attendant…. le Mexique
Le Mexique s’est déclaré hier, « prêt à coopérer avec l’OPEP », ont rapporté le 12 septembre plusieurs médias. Après des sollicitations de l’Iran et du Venezuela, ce troisième producteur mondial de pétrole hors-Opep, avait réduit, en 1998, sa production de 200.000 barils par jour, permettant aux marchés de se rééquilibrer.
Toutefois, des observateurs estiment que les efforts éventuels du Mexique ne suffiront pas, sans la collaboration des grands pays producteurs non-Opep, en l’occurrence les Etats Unis et la Russie.