Slim Othmani, membre très en vue du Forum des chefs d’entreprises (FCE) et patron de NCA Rouiba, est très mal à l’aise la veille de l’assemblée générale de l’organisation patronale dont il est membre. En cause, la convocation envoyée par Reda Hamiani pour se prononcer sur un soutien ou non, au président-candidat Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat.
C’est l’assemblée générale du FCE la plus polémique et qui a fait le plus couler d’encre depuis la naissance de l’organisation patronale. Après l’avoir reportée à plusieurs reprises pour absence du quorum, Réda Hamiani est bien décidé à embarquer le FCE, jeudi, dans le soutien au 4e mandat de Boutefika, quelle que soit la fiche de présence des membres.
Slim Othmani est l’un des membres opposés à toute implication de l’organisation dans des batailles politiques. Dans sa réponse écrite à la convocation à l’assemblée générale extraordinaire qui lui a été adressée par Réda Hamiani, Othmani explique de manière claire sa position : « Monsieur le président sans vouloir aller dans la polémique, je tenais à vous informer que je ne me présenterai pas à cette assemblée générale extraordinaire et je ne donnerai aucune procuration à qui que ce soit, pour la simple et unique raison que l’ordre du jour de cette assemblée contrevient de façon franche aux statuts du FCE et nous place de facto en infraction avec la nouvelle loi sur les associations ».
Malaise au sein du FCE
Contacté par Maghreb Emergent pour en savoir davantage sur les motivations de sa position, Slim Othmani se déclare «légaliste et homme de valeurs pour avoir été un des rédacteurs du code algérien de la bonne gouvernance», choses qui l’empêchent « d’empiéter la loi et les statuts du FCE ». « Nous avons bataillé dur pour avoir des statuts et un règlement interne qui nous interdisent de prendre des positions sur des questions politiques et électorales et je ne me vois pas les bafouer, » a-t-il expliqué. Pour lui, la loi sur les associations – et le FCE en est une – interdit à l’organisation de s’engager dans des batailles politiques.
Les fortes pressions exercées sur la direction de l’organisation pour l’amener à s’exprimer en faveur d’un 4e mandat de Bouteflika, ont plongé le FCE et son président dans un profond malaise. Selon Slim Othmani, une majorité des 500 membres du FCE est opposée à «l’implication de l’organisation dans la politique». « Les membres sont très mal à l’aise et ils se posent la question sur l’utilité de cette démarche, l’AG de demain doit, au contraire, dire au président que le FCE ne doit pas être en infraction avec la loi et n’a pas à se prononcer sur cette question,» a-t-il dit.