Le Maroc ne respecte pas ses engagements en matière d’éradication de la traite des êtres humains. L’exploitation des enfants et des migrants est pointée dans le rapport annuel du département d’état sur la lutte contre la traite des êtres humains dans le monde.
Rendu public mardi, ce rapport du département d’Etat relève notamment que le Maroc continue de faire partie des pays qui ne respectent pas pleinement les normes minimales de la loi 2000 relative à la protection des victimes de la traite (TVPA).
Les rédacteurs du rapport estiment que »le gouvernement marocain n’a pas respecté les normes minimales dans plusieurs domaines clés. » Il estime ainsi que »le gouvernement enregistre des efforts limités quant aux enquêtes et aux poursuites des crimes potentiels de trafic et n’évoque pas le repérage ou l’identification proactive des victimes de la traite, en particulier parmi les migrants en situation irrégulière, qui restent très vulnérables à la traite des êtres humains au Maroc. »
Le même rapport ajoute que »(le gouvernement) n’a pas non plus fourni de services de protection spécialisée qui répondent spécifiquement aux besoins des victimes. » Le rapport revient sur le cas des enfants »exploités au Maroc pour le travail, le travail domestique, la mendicité et le trafic sexuel ».
Des » réseaux criminels opérant à Oujda à la frontière algérienne et à Nador obligent les femmes migrantes sans papiers à se prostituer et à mendier », souligne d’autre part le document du département d’Etat. Selon le rapport ces réseaux »forcent également les enfants des migrants à quémander de l’argent. »
»Bonnes » à tout faire
En outre, »des organisations internationales, des ONG locales et des migrants signalent que les enfants et les femmes non accompagnés, originaires de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, du Nigéria et du Cameroun sont très vulnérables au trafic sexuel et au travail forcé au Maroc. »
Le rapport estime que le Maroc n’a pas fait d’efforts pour abolir le travail des enfants, et lutter plus efficacement contre les réseaux de traite et de trafic d’être humains. Le document US sur la traite des êtres humains au Maroc fait écho aux appels d’ONG internationales, dont Amnesty International, pour que les autorités marocaines accordent plus de protection contre l’exploitation des migrants et les abus sexuels et physiques contre les »enfants domestiques ».
Des ONG locales de protection de l’enfance et des droits humains estiment à plusieurs milliers les petites bonnes issues de familles rurales pauvres, travaillant à temps plein et durant une bonne partie de leur vie dans les grandes villes du pays. Le phénomène est répandu, selon des enquêtes d’associations marocaines, à Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Tanger ou Agadir.