l’Algérie a commémoré la semaine dernière le cinquantième anniversaire du lancement de la production gazière nationale à l’occasion de la conférence internationale sur l’Industrie du gaz en Algérie, organisée les 12 et 13 Octobre à Oran.
L’occasion était donc bonne de revenir sur les progrès réalisés par le secteur gazier, mais aussi les challenges qui se dessinent dans ce secteur vital de l’économie nationale. La première journée de cette conférence, a été consacrée aux discussions sur les perspectives relatives aux énergies non conventionnelles, à leur tête, le très controversé Gaz de Schiste. En prélude à ces discussions, le ministre de l’énergie a tracé à grands traits les objectifs assignés au secteur. L’Algérie a certes accru sa production en matière de gaz naturel en produisant 4 milliards de barils équivalent de pétrole en 2013, et 2,5 milliards de barils équivalents de pétrole dans le premier semestre de l’année en cours, selon M . Yousef Yousfi . Elle doit cependant mobiliser toutes les ressources de son sol et sous sol afin de faire face aux demandes internes et externes appelées à croître constamment dans les années à venir, insiste le ministre de l’énergie. Ce dernier prévoit une croissance de la production nationale en gaz naturel de plus de 40% dans les cinq prochaines années. M. Yousfi a indiqué par la même occasion, que l’Algérie vise à élargir la base de ses réserves par le lancement d’opérations d’exploration et d’exploitation sur l’ensemble du territoire national, ainsi que l’amélioration du taux de récupération des gisements déjà existant.
La fracturation hydraulique en question
Les intervenants algériens et étrangers qui sont penchés sur le potentiel des énergies non conventionnelles en Algérie, en particulier celles relatives au gaz de schiste ont d’abord souligné l’importance du potentiel existant . L’Algérie avec 19 800 milliards de mètres cubes de réserves , selon le département américain de l’Information sur l’énergie, est le troisième pays au monde en matière de ressources en gaz de schiste. De quoi pallier l’éventuel manque prédit par les spécialistes du secteur dans les années à venir. C’est avec cet objectif que l’Algérie a modifié en mars 2013, la loi sur les hydrocarbures, en autorisant pour la première fois de son histoire, l’exploration et l’exploitation dans cette industrie, dont le domaine minier s’étend ,selon M . Mohamed Kaced, Directeur des Projets de Ressources non conventionnelles au sein de Sonatrach, sur 2 millions de km2. La loi a été suivie par le lancement d’un appel d’offre pour la recherche et l’exploration de 31 parcelles d’hydrocarbures conventionnelles et non conventionnelles, qui s’est soldé récemment par une maigre soumission de candidatures de la part des firmes pétro-gazières internationales (seuls quatre périmètres parmi les 31 proposés ont trouvé preneurs). Les experts algériens et étrangers sont revenus sur les projets et les débats qui entourent cette industrie. La technique de la fracturation hydraulique en particulier a fait l’objet de discussions approfondies entre les participants. « Les ressources hydriques sont disponibles: Les nappes phréatiques nationales contiennent 40 milles milliards de mètres cubes, alors que la consommation nationale en matière d’eau est estimée à 2,5 milliards de mètres cubes. Il faudrait effectuer 100 forage, ce qui prendra 10 ans, pour égaler la consommation nationale en eau », rassure M Kaced en éloignant les risques d’appauvrissement des nappes phréatiques par l’industrie du schiste. Le ton rassurant du directeur des projets des ressources non conventionnelles de Sonatrach, n’a pas empêché les chercheurs dans les techniques de l’industrie du schiste, à l’instar de M Tom Blasigrame, professeur à l’Université du Texas d’appeler les chercheurs et les professionnels à multiplier les efforts pour tenter de trouver une alternative à cette fracturation hydraulique pour la préservation des ressources en or bleu.
Des experts américains présents lors de cette conférence ont loué les efforts de l’Algérie et l’ont encouragé à les poursuivre malgré les « débuts difficiles » qu’ils ont connus eux-mêmes avant de devenir aujourd’hui, le premier pays producteur puis exportateur de gaz de schiste dans le monde.
Le GNL, 50 ans de production et des incertitudes.
La deuxième journée était consacrée aux étapes parcourues depuis le lancement de la première usine de Gaz naturel liquéfié d’Arzew ; le Complexe de GL4Z, ex Camel, premier terminal d’exportation et de commercialisation de GNL au monde, entré en activité en 1964. Ce complexe qui a été fermé en 2010 , est devenu désormais, un centre de formation. La capacité contractuelle de la production du GNL en Algérie est estimée à 61 millions de mètres cubes par an. Une production qui devrait progresser dans les cinq prochaines années, parallèlement à la progression de la demande interne et de la demande mondiale. Cette dernière était évaluée à 320 milliards de mètres cubes en 2013. Un marché en pleine expansion, caractérisé par des ressources gazières abondantes, 270 trilliards de mètres cubes selon Fadi Witold Mitri, le Manager GNL de la multinationale néerlandaise Shell. Pourtant, une inquiétude est palpable chez les différents intervenants locaux quand au maintien de la part de marché détenue par l’Algérie. Notre pays qui couvre à l’heure actuelle 25% du marché gazier européen, n’est pas sûr de la conserver à l’horizon 2025-2030. Les estimations des spécialistes prévoient que le gaz issu de l’industrie américaine du schiste couvrira entre 13 et 26% de part du marché mondial d’ici 2020. L’apparition de nouveaux acteurs gaziers en Afrique et en Méditerranée Orientale, notamment dans l’Off Shore, l’orientation du marché européen vers la sécurité d’approvisionnement et l’orientation des grands marchés mondiaux, notamment le marché asiatique , vers le gaz américain, pourraient faire perdre à l’Algérie sa place confortable de principal fournisseur de GNL, dans plusieurs régions du monde. L’Algérie doit donc « réfléchir à de nouvelles stratégies, en captant les nouvelles opportunités du marché gazier mondial », préconise M Ben Ziri, directeur des Etudes de planification au sein de la direction commerciale de Sonatrach. L’Algérie, a procédé au lendemain de tenue de cette conférence internationale, à l’acquisition de trois méthaniers pour le renforcement de la flotte nationale et l’optimisation de la commercialisation du GNL dans les années à venir. C’est la filiale de transport des hydrocarbures de Sonatrach SNTM-Hyproc, qui s’est chargée ce mardi, 14 octobre, de la signature de contrats pour l’acquisition de nouveaux navires méthaniers.