Sonatrach, Djezzy, Licence d’importation : quota de stress équitable en 2016 - Maghreb Emergent

Sonatrach, Djezzy, Licence d’importation : quota de stress équitable en 2016

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L’Algérie entre en temps de rareté des ressources. Tout le monde ne l’a pas encore compris. Une vérité cinglante a été assénée mardi dernier par Noureddine Bouterfa au 5e symposium de l’association de l’industrie du gaz (AIG). 

Le programme d’énergie renouvelable de 22 gigawatts à 2035 est « techniquement une utopie ». Pour une longue série de raisons dont la principale est le modèle économique du programme. Le kilowattheure n’est pas rémunéré suffisamment pour espérer attirer des investissements suffisants dans une activité nouvelle ou Sonelgaz elle-même ne veut pas rentrer pleinement avec ce niveau de prix indirectement subventionné de l’électricité. La sortie du PDG de Sonelgaz résume en creux la crise de nerf actuelle dans le secteur de l’énergie. Pas de cash, pas d’investissements. Une autre intervention, remarquable de clarté, a ajouté au stress ambiant. Celle de Noureddine Ait Laoussine. « Le prix du gaz naturel mettra plus longtemps à se redresser que celui du pétrole », a-t-il expliqué. Pourquoi ? Parce que dans la filière gaz nous sommes à peine au seuil d’une guerre des prix. « Il faut s’attendre à ce que les grands producteurs comme la Russie et le Qatar engage, un peu sur le modèle de l’Arabie Saoudite pour le pétrole, la défense de leurs parts de marché en devenant flexible sur leurs contrats commerciaux ». Et comme le marché mondial du gaz est en train de naitre à partir des marchés régionaux (Europe, Asie, Amérique du nord), la norme, aventureuse pour les producteurs du marché spot, s’insinue partout dans les négociations des contrats de gazoducs dits de longue durée. Conseil de Ait Laoussine au management de Sonatrach, « il faudra s’adapter à cette nouvelle donne afin de préserver ses parts de marché en Europe ». Dans son intervention, le PDG de Sonatrach Amine Mazouzi, n’avait fait aucune allusion à cette contrainte supplémentaire qui va obliger sa compagnie de vendre autrement son gaz naturel durant les prochaines années. Pudeur « institutionnelle » ou déni de réalité ? Les revenus de Sonatrach vont rester tendanciellement bas sur les 4 ou 5 prochaines années. Comment financer alors la recherche exploration et développement de nouveaux gisements de pétrole et de gaz ? Sans doute en allant plus rapidement vers des prix domestiques des produits énergétiques qui rémunèrent les acteurs du secteur et préservent une partie de leur capacité à investir. C’est le point de vue de Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des finances, qui soutient qu’il est souhaitable de mettre en place un plan trimestriel de rattrapage tarifaire, pour les carburants, l’électricité, et bientôt l’eau.

La nouvelle de la semaine économique ? La loi de finance pour 2016 est déjà dépassée. Dans le système actuel de la subvention – directe ou implicite – le gaspillage des ressources est encore énorme, et les prix pratiqués empêchent les nouveaux investissements qui assurent l’avenir. Chacun dans son style, Bouterfa, Ait Laoussine, et Harchaoui l’ont exprimé. Il faut peut être les écouter. Cette semaine aurait dû aussi livrer les premiers arbitrages sur les quotas d’importation. Le ministère du commerce avait promis la plus grande célérité dans le traitement des demandes d’attribution de licences d’importation après la clôture des dépôts de dossiers d’importateurs le 11 février dernier. Il y a des raisons de s’inquiéter des suites de cette promesse. Les demandes déposées ont été sous-estimées sur les trois lignes de produits soumises à quotas : l’automobile, l’acier rond à béton et le ciment. L’administration va avoir beaucoup de difficultés à départager des demandeurs dont les programmes d’importations débordent très largement les 152 000 véhicules prévus, le 1,5 million de tonnes de béton et les 5 millions de tonnes de rond à béton. La règle de ventilation au prorata des parts de marché de chaque importateur en 2016 aurait du rendre les affectations de quota quasi automatique. Elles sont complexes. Nouveaux entrants sur le marché, acteurs multiples (filiales), faire le tri dans les dossiers de demande va peut être finalement prendre beaucoup plus de temps que ne le laisse entendre la formule lapidaire de « meilleurs délais ». La maladie du ministre du commerce absent pour quelques jours et de retour à Alger n’a sans doute pas aidé à rendre les arbitrages, même si, tout le monde ne le sait pas, c’est le secrétaire général du ministère qui préside la commission d’attribution des licences. Et pendant ce temps ? La tension sur le ciment est sérieuse sur les chantiers. Le sac de ciment approche dangereusement des 2000 dinars. La faute à un arrêt technique simultané de quatre cimenteries en même temps. Les licences d’importation font déjà problème dans leur mise en œuvre. Solution d’urgence qui n’était même pas la préférence du ministre du commerce qui a pris la mesure en route. Un feuilleton à suivre les prochaines semaines.

Les Algériens adorent-ils massacrer les succes story ? Oui, si l’on devait s’en tenir au cas de Djezzy. Il y a d’abord eu cette action du gouvernement 2008-2013. Cinq années de harcèlement de toute sorte pour obliger le propriétaire du premier opérateur de téléphonie mobile algérien, d’abord Orascom ensuite Vimpelcom, de céder l’affaire au prix le plus bas. Démarche contre-productive. L’Algérie a nationalisé Djezzy au prix de marché, c’est-à-dire cher. Et a hérité d’une enseigne dont les investissements et le déploiement a pris un grave retard. Le rattrapage est en cours. Mais, dans l’intervalle, Djezzy n’est plus la cash-machine qui a amené le président Bouteflika à vouloir lui couper le tuyau du rapatriement des dividendes. La faute à la pression excessive de 2008-2013. Dans le nouveau contexte de la téléphonie, Djezzy a du revoir ses plans de communications. Un peu comme Ooredoo en 2014 après la coupe du monde et la montée soudaine d’un sentiment anti-qatari au sein des autorités algériennes. Conséquence, un feu nourri a été ouvert sur la marque à travers son copropriétaire russe VImpelcom. Un actionnaire sioniste a été débusqué par Beur TV au sein de son tour de table. Que faut-il faire ? Racheter les 49% restants à Vimpelcom pour venger Gaza ? Il y avait depuis deux ans un autre chemin plus sérieux suggéré à ce partenariat : aller, comme Maroc Télécom, conquérir des opérations sur le terrain africain. Trop complexe ? Il est tellement plus facile de détruire la marque algérienne qu’est devenue Djezzy.

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