Sur le gisement de Gara Djebilet, les "études de faisabilité" oubliées et les vieux projets miniers algéro-marocains - Maghreb Emergent

Sur le gisement de Gara Djebilet, les “études de faisabilité” oubliées et les vieux projets miniers algéro-marocains

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Ce texte résume les réactions suscitées par une contribution d’Abderrahmane Mebtoul portant sur les perspectives de l’industrie minière algérienne. Certaines rappellent qu’une convention algéro-marocaine a été signée au début des années 1970 pour une prise en charge commune du projet d’exploitation des gisements de fer de Gara Djebilet, avec comme site de dégagement maritime du minerai Tarfaya, sud du Maroc.

 

  

Suite à la parution, sur Maghreb Emergent, de ma contribution sur les perspectives de l’industrie minière algérienne, j’ai reçu de nombreuses correspondances d’anciens hauts responsables au niveau des sociétés Sonarem (Société nationale de recherche et d’exploitation minières) et Sonatrach dont je n’ai pas souvenir personnellement mais que je remercie vivement pour les compléments d’information qu’ils m’ont fournis. Certains, selon leurs curriculum vitae, sont experts auprès d’organisation s et de sociétés internationales et ont requis l’anonymat. Je livre ici aux lecteurs de Maghreb Emergent une synthèse de leurs correspondances.

– Concernant le dossier Gara Djebilet, pour la partie infrastructures, il a été réalisé, en 1970, déjà les études suivantes : levé photogrammétrique et topographique du tracé de la voie ferrée, étude des sols, recherche de fondant calcaire pour les deux projets Gara Djebilet, recherche d’eau dans la région de Tindouf-Gara Djebilet. Les deux principaux animateurs de ce projet à Sonarem étaient MM. Hamaïdia et Fellak, qu’ils reposent en paix.

– Une convention algéro-marocaine (la copie est disponible) signée au tout début des années 1970 prévoyait une prise en charge commune de ce projet, avec comme site de dégagement maritime du minerai, Tarfaya, au sud du Maroc. Cette convention s’est concrétisée par la création d’une société commune dont M. Hamaïdia a été le premier directeur général.

– Le gisement d’Abdelaziz Mecheri, à quelque 250km au nord-est de Gara Djbilet, a été découvert par la division Recherche de Sonarem en 1974, suite au levé aéro-magnétique du pays. Ce gisement, par la présence d’un corps de minerais riche à magnétite, vient améliorer grandement les quantités et la qualité des minerais.

– Au début des années 1990, c’était Ferphos, sous la direction de M. Benslimane, qui tentait de raviver, mais en vain, ce projet. N’oublions pas non plus les essais technologiques de réduction directe tout à fait concluants de DRA/Sider, au début des années 1990 : un atelier a été organisé à Annaba à ce sujet et un rapport a été remis au Fonds de participation, tutelle de Ferphos à l’époque, resté sourd. Les décennies ont passé, et cette « histoire », qui a coûté des montants d’investissement de plusieurs centaines de millions de dinars de l’époque, est passée aux oubliettes 

– Beaucoup de responsables de l’époque sont décédés, les rapports et archives de toutes les études faites ont été ignorés et récemment, on vient nous parler de nouvelles « études de faisabilité » à coup de milliards de centimes. A-t-on tenu compte de tous les travaux antérieurs ou cherché à les exhumer ? Au début des années 2000, ces archives étaient disponibles dans les caves de Bouakouir et du Colisée à Alger. Que de pertes de temps et d’argent qui soulèvent le problème du management et des qualifications et compétences pour la conduite d’un tel projet !

– Le problème concerne également d’autres segments du secteur minier : si le gouvernement fait un audit sérieux sur l’exploitation des gisements d’or de Tirek et Amesmessa (est du Hoggar), combien d’anomalies il constaterait. Par ailleurs, l’attention doit être attirée sur le fait que cela a été une bonne chose de rattacher les mines à l’industrie mais cela a été une erreur organisationnelle d’avoir rattaché la pétrochimie au ministère de l’Industrie.

– Pour des raisons de management stratégique et d’expérience (la pétrochimie a été lancée dans les années 1970) – et aussi vu l’internationalisation de cette filière – seule Sonatrach, en partenariat dans la conjoncture actuelle, peut dynamiser le secteur pétrochimique grâce à son savoir-faire et à ses réseaux internationaux. Il serait souhaitable de rattacher à nouveau cette filière au ministère de l’Energie, le ministère de l’Industrie ayant fort à faire pour redresser certains segments stratégiques. 

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