Le président de la République M. Abdelmadjid Tebboune et son gouvernement n’apprécient pas le privé national. Une guerre qui ne dit pas son nom a été déclarée contre ce dernier, en vue de réduire sa taille et de limiter sa marge de manœuvre dans les domaines économique, médiatique, sportif et associatif.
L’orientation du gouvernement devient visible et indéniable notamment depuis le début de l’année. Aidé par la hausse des prix des hydrocarbures, l’exécutif fait son choix pour le secteur public et le privé étranger. Le privé national ne doit pas aller, aux yeux du gouvernement, au-delà de sa taille actuelle ou intervenir au futur, dans des secteurs stratégique ou à forte valeur ajoutée.
Pour concrétiser sa vision, le gouvernement a pris une série de mesures qualifiées de ‘’discriminatoires’’ à l’égard du privé national. Il s’agit d’abord de l’intensification de ce qui a été appelé ‘’la lutte contre la corruption’’. Des dizaines voire plus de chefs d’entreprises privées sont poursuivis en justice depuis 2019. Une démarche qui vise, selon le discours officiel, à faire le nettoyage et mettre de l’ordre mais sur le terrain, elle étouffe les opérateurs économiques algériens relevant du secteur privé. La multiplication des condamnations des chefs d’entreprises par les tribunaux a fini par semer le doute et l’incertitude dans les milieux d’affaires.
A la campagne de lutte contre la corruption qui a terni l’image de tout le tissu privé national, s’ajoute le nouveau code des investissements qui n’oblige plus les étrangers qui souhaitent investir en Algérie dans certains domaines, d’avoir partenaire national.
En outre, le gouvernement a écarté le privé de la reprise de la quasi-totalité des entreprises des oligarques saisies par la justice. La majorité absolue des entreprises saisies jusqu’au là ont été confiées aux entreprises publiques. On peut citer dans ce cadre, l’usine de trituration des graines oléagineuses des frères Kouninef reprise l’entreprise publique Madar, l’entreprise N’gaous appartenant au groupe Mazouz reprise par une entreprise publique. A ces deux exemple s’ajoute l’entreprise du transport des étudiants de Tahkout devenue une propriété de l’entreprise publique Etusa.
Le privé national exclu des projets métro et de tramway
Dans une déclaration récente à la Chaine 2 de la Radio nationale, le directeur général de l’Entreprise Métro d’Alger (EMA) M. Arezki Ali a affirmé en demi-mot que les futurs projets de tramway et de métro seront confiés à l’entreprise publique Cosider. Autrement dit, le privé national n’aura pas sa part dans ces projets futurs.
Le projet de bornes électriques revient au secteur public
Le gouvernement fait machine arrière et retire le projet d’installation des bornes de recharge de véhicules électriques à Naftal qui s’est lancée dans un partenariat avec l’entreprise privée Amimeur Energie, un privé algérien basé à Bejaia spécialisé dans la production des groupes électrogènes. Désormais, le projet est confié au groupe public Sonelgaz. En d’autres termes, le sort du partenariat avec Amimeur Energie est scellé.
Pas de privé national dans les grands projets miniers
L’exclusion du privé national concerne également les grands projets miniers que compte lancer le gouvernement. Aucun privé national ne figure dans la liste des éventuels exploitants des mines de fer de Gara Djebilet ou celle de Phosphates de Tébessa ou encore celle du plomb et de zinc d’Amizour. Ces trois grandes mines stratégiques seront exploitées par des entreprises publiques en partenariat avec des firmes étrangères.
Retour du monopole public sur le blé et l’orge
En février 2020, le président de la république avait annoncé l’interdiction au privé algérien d’importer du blé. Une année après, l’Etat interdit aux agriculteurs pratiquant la céréaliculture bénéficiant du soutien de l’Etat, de vendre leurs récoltes aux privés. Seul l’Office algérien interprofessionnel des céréales est autorisé à acheter les récoltes de ces agriculteurs. Deux mesures qui ont limité drastiquement la marge de manœuvre du privé national utilisant le blé et l’orge comme matière première.