L’affaire est allée jusqu’à la Présidence. Le « non retour » suite à l’offre de reprise des parts de Veon par un autre opérateur asiatique n’est pas passée.
Un opérateur indien de téléphonie mobile, Reliance Jio, s’est plaint auprès de la Présidence de la République de la non réponse du Premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, à une offre de rachat des 45,56% de Veon dans le capital de Djezzy, l’ancien leader de la téléphonie mobile en Algérie.
L’offre adressée aux services du Premier ministre, au Palais du gouvernement, date de la fin du mois de février dernier et n’a connu aucune suite depuis. China Mobile connut en novembre 2021, la même mésaventure, après avoir également adressée une offre de rachat au gouvernement algérien, à la fois à Alger et auprès de l’ambassade d’Algérie à Pékin. China Mobile avait décidé de retirer formellement son offre après une attente infructueuse de 7 semaines.
Le silence du Premier ministre algérien aux différentes offres de rachat des parts de l’opérateur russe Veon, basé aux Pays bas, est interprété par la place, comme une absence d’arbitrage politique sur le dossier. Le pacte d’actionnaires entre Veon et l’Etat Algérien, représenté par le Fonds national d’investissement, le FNI, en 2014, prévoit le rachat automatique des parts de Veon (ex-Vimpelcom) par le FNI. Une clause décriée par les analystes financiers et les professionnels en Algérie, car elle conduit non seulement à une sortie de capitaux en devises mais à la constitution d’un deuxième opérateur public.
Paralysie de la gouvernance
Un litige sur la valorisation de Djezzy avait opposé, à l’automne dernier, ces deux actionnaires principaux – le FNI détenant 51% du capital- et avait conduit à un arbitrage par une banque d’affaire. L’issue de cet arbitrage, en théorie contraignant pour les deux parties, n’est toujours pas connue.
L’Etat Algérien devrait débourser entre 1,2 et 1,8 milliard de dollars, selon différentes estimations, pour acquérir les parts de Veon qui souhaite se concentrer sur ses investissements en Asie. Les offres de rachat venant d’opérateurs tiers sont une opportunité pour relancer le secteur de la téléphonie en stagnation depuis plusieurs années. Elles offrent en même temps la possibilité d’économiser une dépense en devises pour une acquisition non nécessaire pour l’Algérie.
Dans un tel contexte l’absence de réaction du gouvernement algérien et de la Présidence de la République conforte, pour les observateurs, le sentiment de paralysie quasi complète de la gouvernance faute de leadership politique.
Samy injar