La police catalane a lancé une vaste opération antiterroriste vendredi après avoir abattu cinq suspects à Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone, ville touchée quelques heures plus tôt par une attaque à la fourgonnette qui a fait au moins 13 morts.
L’organisation Etat islamique a revendiqué l’attaque de Barcelone, sur la célèbre avenue de Las Ramblas, qui, selon la police, s’inscrivait dans un projet d’attentats coordonnés.
Les enquêteurs estiment qu’une cellule de huit personnes pourrait être impliquée et avoir planifié à l’origine un attentat avec des bombonnes de gaz, dit-on de source judiciaire.
Alors qu’était lancée la traque du conducteur du véhicule-bélier de Barcelone, que des témoins disent avoir vu s’enfuir à pied, la police catalane a annoncé dans la nuit avoir tué cinq assaillants dans la station balnéaire de Cambrils, où une femme espagnole a aussi trouvé la mort.
Les suspects portaient de fausses ceintures explosives.
Circulant en voiture, ils ont voulu foncer sur des touristes sur le front de mer mais leur véhicule s’est retourné. Ils ont alors essayé de poignarder des passants avant d’être abattus par la police, quatre sur place et le cinquième quelques centaines de mètres plus loin.
Outre la femme tuée, plusieurs civils et un policier ont été blessés au cours de cette attaque, pour laquelle un lien a été établi avec l’attentat mené sur les Ramblas.
Ces deux événements sont aussi liés à une explosion survenue jeudi matin dans une maison à Alcanar, toujours en Catalogne, a dit la police. La déflagration a fait un mort et, selon une source policière, les habitants de la maison préparaient des explosifs à l’aide de bonbonnes de gaz.
Lors d’un autre incident, dont on ignore s’il est lié aux autres, un homme est mort après avoir précipité sa voiture sur un barrage routier à Barcelone.
LE BILAN RISQUE DE S’ALOURDIR
Avant son intervention à Cambrils, la police catalane a annoncé l’arrestation de deux individus, un Marocain et un homme originaire de Melilla, enclave espagnole en Afrique du Nord, à Ripoll et à Alcanar. Aucun de ces deux hommes n’est le conducteur de la fourgonnette ayant semé la mort à Barcelone.
Une troisième personne a été arrêtée vendredi matin à Ripoll dans le cadre de l’enquête sur les attaques, a annoncé la police catalane, sans préciser son identité ni son rôle éventuel. Elle a fait état plus tard de l’arrestation d’un quatrième suspect.
A Barcelone, les habitants ont observé une minute de silence en mémoire des victimes vendredi à midi, en présence du roi Felipe et du Président du gouvernement, Mariano Rajoy.
Des témoins ont rapporté que le véhicule qui a semé la mort a descendu les célèbres Ramblas à partir de la place de Catalogne en zigzaguant dans la foule à vive allure, fauchant ou projetant dans les airs piétons et cyclistes. Au total, les deux attaques ont fait 130 blessés, dont une vingtaine sont très grièvement touchés, ce qui fait craindre aux autorités que le bilan ne s’alourdisse.
Les victimes – morts et blessés – sont de 34 nationalités différentes, Barcelone et la côte méditerranéenne espagnole attirant un grand nombre de touristes du monde entier.
DEUIL NATIONAL
La course meurtrière d’un véhicule projeté sur des piétons rappelle les attaques commises depuis un an à Nice, Londres, Berlin ou Stockholm, qui ont fait au total plus de 100 morts.
Daech a revendiqué cette attaque via son organe de communication Amak. « Les auteurs de l’attaque de Barcelone sont des soldats de l’Etat islamique et ont mené une opération en réponse aux appels à cibler les Etats membres de la coalition », écrit Amak, en référence à la coalition internationale luttant contre l’EI en Irak et en Syrie.
L’Espagne a déployé plusieurs centaines de militaires en Irak pour participer à la formation des forces locales mais il ne s’agit pas de troupes combattantes.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie ou encore le Vatican ont exprimé leur solidarité à l’égard de l’Espagne, qui n’avait plus connu d’attentat aussi meurtrier depuis les explosions dans des trains de banlieue qui firent 191 morts et plus de 1.800 blessés en mars 2004 à Madrid.
Mariano Rajoy a annoncé trois jours de deuil national.
« Ce sont des assassins, rien de plus que des criminels qui ne nous terroriseront pas. Toute l’Espagne est Barcelone », a réagi le palais royal sur Twitter.
Les statistiques officielles montrent que, avant l’attaque de jeudi, la police avait jusqu’à présent arrêté 11 djihadistes présumés dans la région de Barcelone depuis le début de l’année, plus que nulle part ailleurs en Espagne.
REUTERS