Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a rendu publique une déclaration à l’occasion de la célébration de la Journée nationale du Chahid, lue en son nom par le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Cherif Abbas. Voici la traduction APS du texte intégral relatif aux thèmes d’actualité abordés par le Président :
Alors que nos concitoyens n’avaient pas encore inhumé les chouhada qui ont péri dans le crash d’un avion militaire près d’Oum El Bouaghi, des déclarations irréfléchies de certaines hautes personnalités publiques, relayées par des commentaires de tous bords, ont donné matière, aux médias nationaux et étrangers, à des commentaires et des supputations attentatoires à l’unité de l’Armée nationale populaire.
Les adversaires, occultes et déclarés, exploitent cette situation préjudiciable pour tenter d’imposer la thèse du conflit interne au sein de l’Armée nationale populaire en présentant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) comme une structure agissant en violation des règles qui régissent ses missions et attributions. Cette perception des réalités dénuée d’objectivité impose, à tous les responsables, un effort urgent et efficient pour qu’il soit immédiatement mis fin à cet état de fait.
Nul n’est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de se placer ou de mettre ses activités et déclarations au-dessus des dispositions de la Constitution et des lois de la République. Nul n’est en droit d’attenter aux fondements de l’édifice républicain ni aux acquis. Nul n’est en droit de régler ses comptes personnels avec les autres au détriment des intérêts suprêmes de la nation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
L’heure n’est plus à l’insulte ni à l’invective. Concentrons-nous sur ce qu’il y a de mieux pour notre nation. Le Département du renseignement et de la sécurité doit continuer à exécuter ses missions et attributions que lui confère la loi. Partie intégrante de l’Armée nationale populaire, ce département accomplit ses missions dans le cadre de la loi et conformément aux textes régissant ses activités.
Ces quelques rappels ont pour objectif de réaffirmer clairement que, contrairement aux allégations et aux spéculations rapportées par voie de presse préjudiciables à la stabilité de l’Etat et de l’Armée nationale populaire, le Département du renseignement et de la sécurité reste pleinement mobilisé pour la bonne exécution des missions qui lui incombent, à l’instar des autres composantes de l’Armée nationale populaire.
Compte tenu des menaces tangibles qui pèsent présentement sur l’Algérie, au regard des situations sécuritaires actuelles à ses frontières, je demande à tous les responsables concernés de prendre toutes les mesures requises, afin de rétablir la bonne mesure de concertation et de saine coopération à tous les niveaux et de faire en sorte que chaque responsable et chaque structure agissent conformément aux dispositions réglementaires qui régissent leurs activités, dans l’intérêt suprême du pays.
Depuis les succès remportés contre le fléau terroriste, l’Armée nationale populaire et les services de sécurité restent et resteront toujours la cible de forces hostiles et des Etats qui les encouragent à affaiblir le rempart patriotique qu’ils constituent face aux desseins hostiles visant l’Algérie et son peuple. Cette forme de déstabilisation vise, aujourd’hui, à créer des distorsions et à paralyser les activités de défense et de sécurité nationales. Elle vise, surtout, l’Armée nationale populaire et, au-delà, l’Etat national.
Les conflits fictifs fomentés entre les structures de l’Armée nationale populaire relèvent d’un processus de déstabilisation bien élaboré par tous ceux que le poids de l’Algérie et son rôle dans la région dérangent. Ce processus peut, malheureusement, être favorisé par le comportement irresponsable des uns et le manque de maturité des autres, sous l’influence des différents volets de la guerre médiatique menée présentement contre l’Algérie, la présidence de la République, l’Armée nationale populaire et le Département du renseignement de la sécurité.
Face à ce danger qui est perceptible, l’ensemble des responsables doivent mobiliser leur conscience patriotique et réduire toutes les formes de tensions qui viendraient à survenir entre eux. Il y va de l’avenir de l’Etat, de sa défense et de sa sécurité. Le contexte politique et social dans lequel nous évoluons à l’approche de l’élection présidentielle, marqué par la confusion qui a gagné les scènes politique et médiatique et suscité l’appréhension des citoyens sous l’effet des manœuvres de désinformation internes et externes, arguant de l’existence supposée, entre les hautes institutions du pays, de conflits aux conséquences redoutables sur la sécurité et la stabilité, m’oblige à exprimer ce qu’il me revient de dire afin de rétablir les choses dans leur juste perspective.
Le peuple algérien a réussi, grâce à son courage et ses sacrifices, à éviter de justesse l’anéantissement de la nation, but recherché par le fléau terroriste qui a généré d’incommensurables pertes en vies humaines. La nation, grâce à son engagement patriotique, a pu retrouver ses valeurs ancestrales de résistance contre toutes les formes d’oppression et à imposer les valeurs communes de paix et de réconciliation nationale, partagées par l’immense majorité des Algériens.
Nous sommes tous, en tant que citoyens, responsables de la préservation de ces acquis qui ont, par la grâce d’Allah le Tout-Puissant, permis à l’Algérie de dépasser la phase critique et de s’engager dans la bataille du développement créateur d’emplois, de croissance et de richesse. Nous sommes tous impliqués, chacun en fonction de ses responsabilités, dans le combat pour la consolidation de ces acquis et pour le renforcement des capacités de la nation.
Il est tout à fait clair que l’Algérie, qui a retrouvé ses capacités et sa place dans le concert des nations, continue de déranger, tout comme elle a dérangé, hier, par son combat libérateur qui a triomphé, grâce à Dieu, puis grâce au sacrifice suprême consenti par nos valeureux martyrs, à l’abnégation de glorieux moudjahidine de l’Armée de libération nationale et la détermination de tout un peuple.
Aujourd’hui, certains semblent avoir choisi d’emprunter des chemins sinueux, en oubliant le devoir patriotique à l’égard de la patrie, qui demeure l’un des préceptes de la Révolution de Novembre. Face à ces nouveaux dangers, générés par la division, la rivalité entre des visions antagoniques, la fitna générée par des divergences d’opinions, nous devons, tous ensemble, en tant que citoyens, retrouver l’esprit patriotique vital, pour empêcher toute atteinte à la stabilité de la nation.
Les positions affichées par les uns et les autres peuvent s’inscrire dans le cadre de la liberté d’expression, consacrée par la Constitution. Mais quand ces opinions, dont certaines sont inspirées par des vecteurs hostiles à l’Algérie, tentent de créer des confusions et développer des thèses subversives sur l’existence de conflits entre des institutions de la République, tous les citoyens doivent prendre conscience du danger de déstabilisation véhiculé par de telles démarches qui relèvent de l’opération d’intoxication et de manipulation des faits.
Comme tous les citoyens peuvent le constater, à travers la lecture et le suivi des informations, des efforts soutenus et multiformes sont déployés pour créer la confusion et générer la peur, ressasser la thèse des soi-disant conflits entre les institutions constitutionnelles, entre la présidence de la République et d’autres instituions, au sein du ministère de la Défense nationale et entre des composantes de l’Armée nationale populaire.
L’objectif visé est d’affaiblir l’Algérie qui, grâce précisément à la cohésion existant entre ses différentes institutions, a réussi à consolider l’Etat en proie au fléau terroriste et à rétablir la paix et la stabilité sans lesquelles aucun développement n’est possible.
Je demande, en vertu de mes pouvoirs de président de la République, ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées, à tous les citoyens de prendre conscience des véritables enjeux qui se cachent derrière les opinions et les commentaires, faits au nom de la liberté d’expression, mais qui visent, en réalité, des objectifs autrement plus sournois, ciblant la stabilité et l’affaiblissement du système de défense et de sécurité nationales.
Les citoyens doivent savoir que l’appareil de sécurité nationale, au sujet duquel des commentaires de tous genres et provenances sont émis, est régi par des textes réglementaires qui définissent clairement ses missions et attributions, tant au niveau de l’Etat qu’au sein du ministère de la Défense nationale.
Dans la pratique en vigueur dans tous les pays, il est procédé, quand le besoin l’exige, à des restructurations adaptées. C’est dans cet esprit que j’ai décidé, en 2006, une structuration de l’appareil de sécurité nationale. Les structurations mises en œuvres dans d’autres pays ne donnent lieu à aucun commentaire alarmiste et subjectif. En Algérie, certains, par leur lecture subjective et malintentionnée des faits, veulent présenter de telles structurations comme la preuve de l’existence d’une crise au sein de l’Etat ou du ministère de la Défense nationale.
Je demande à tous les citoyens et, particulièrement, aux citoyens qui occupent des fonctions au sein de l’Etat, au niveau civil ou militaire, de prendre conscience des enjeux et d’agir, chacun dans sa position, pour la consolidation de la stabilité et de la paix qui sont le bien commun de tous les Algériens. Les citoyens qui ont l’honneur de servir le peuple, grâce aux fonctions qu’ils occupent, se doivent de se hisser au niveau de responsabilité qu’impose la défense de l’intérêt général.
C’est le devoir qui l’impose, en cette période qui doit permettre aux Algériens d’exprimer leur volonté en toute souveraineté. Comme j’ai eu à la souligner, précédemment, nul n’est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de s’en prendre aux institutions constitutionnelles du pays qui ne font qu’accomplir leur devoir au service de la nation.
Alors que nous allons vers un important rendez-vous, à savoir l’élection présidentielle du 17 avril prochain qui constitue une nouvelle étape censée permettre à l’Algérie de consolider ses acquis dans tous les domaines, qu’il s’agisse de l’Etat de droit, du renforcement de la pratique démocratique, du respect des droits de l’homme ou de la justice sociale et du développement économique à travers l’ensemble du territoire national, les responsabilités qui sont les miennes ne sauraient m’autoriser à conclure cette déclaration sans m’adresser à l’ensemble du peuple algérien qui s’apprête à choisir son Président parmi les candidats en lice. Je tiens à lui dire toute ma confiance en sa maturité, sa clairvoyance et en la justesse du choix qui sera le sien.
J’appelle toutes les parties concernées par la prochaine élection présidentielle, à savoir la Commission nationale d’observation des élections, les services concernés de l’administration publique, les formations politiques, les organisations de masse, les organisations de la société civile, les médias publics et privés, les candidats et les électeurs, à s’élever, chacune selon ce que lui dictent ses obligations et son rôle, au niveau de ce que le sens des responsabilités citoyennes dicte en termes de respect délibéré et conscient, des devoirs qu’implique une citoyenneté qu’anime l’amour du bien de la patrie et de son peuple, pour favoriser le déroulement d’une élection présidentielle durant laquelle prévaudra la civilité.
Ce scrutin est important en ce sens qu’il constituera une épreuve qui indiquera le niveau de maturité démocratique du peuple algérien tout entier. Il s’agit, en conséquence, d’un défi à relever en assurant le succès de l’opération électorale dans le cadre d’une compétition loyale et sereine, et de la confrontation de projets de société censés répondre aux attentes légitimes des citoyens, de façon à ce que le vainqueur soit celui que le peuple algérien souverain se choisira comme Président.
Notre objectif est la préservation de ce pays pour les générations actuelles et futures et le parachèvement de l’édification de l’Etat où prévaudra la pleine citoyenneté, l’Etat des institutions dont les responsables s’engagent à respecter dans la lettre comme dans l’esprit, la Constitution et les lois de la République, et à faire preuve de dévouement et d’abnégation au service du développement et du progrès du pays, un Etat au service exclusif du vaillant peuple algérien, tout entier, un Etat où il ne sera plus permis que perdure l’arbitraire bureaucratique animé par l’esprit de lucre et d’enrichissement illicite au dépens du citoyen et de l’Etat, ni de mettre les missions et les moyens humains et matériels des institutions au service de clientèles claniques ou d’en user à des fins égoïstes, partisanes ou sectaires pernicieuses, aux dépens du vaillant peuple algérien qui a tout consenti pour sa patrie et tant donné qu’il mérite que ses serviteurs fassent, tous, preuve de loyauté à son égard et veillent jalousement à préserver sa fierté et sa dignité.
Ce message s’adresse aux uns et aux autres avec toute la franchise que me dictent la sacralité de la Constitution et la fidélité aux sacrifices des chouhada. Je m’incline avec déférence à la mémoire de ceux qui nous ont précédés tout en souhaitant à l’Algérie davantage de dignité et de fierté.