Le coup d’envoi de la campagne électorale en Algérie met le pays au-devant de la scène médiatique internationale. Si, jusqu’à présent, la santé du Président Abdelaziz Bouteflika occupait les colonnes des médias étrangers, c’est dorénavant le mouvement Barakat! qui intéresse la presse internationale.
L’Algérie apparaît de nouveau dans les titres des médias internationaux, notamment dans les journaux français où les articles sur l’actualité algérienne se multiplient à l’approche du scrutin présidentiel du 17 avril. Avec le lancement de la campagne ce dimanche 23 mars, leur nombre a encore augmenté. Au-delà du suivi des « sorties » du Président Abdelaziz Bouteflika, la presse française publie désormais des reportages, des portraits et même des analyses sur le scrutin et les mouvements d’opposition à Bouteflika IV, qui ont attité en particulier l’attention des médias étrangers.
Les manifestations contre le 4e mandat de Bouteflika ont ainsi été largement relayées par les journaux français. Dans un article du 16 mars, le quotidien communiste l’Humanité, revient sur les rassemblements organisés à Alger par le mouvement « Barakat! » (« Ça suffit! »). « L’Algérie n’est pas un royaume », «Système poubelle dégage », « y’en marre du pouvoir », « police politique barakat », «oulach smah oulach » (pas de pardon en berbère), « Algérie libre et démocratique », tels étaient les mots d’ordre scandés par les manifestants qui entonnaient de temps à autre l’hymne des maquisards de l’ALN (Armée de libération nationale durant la guerre d’Algérie) « de nos montagnes s’élevaient la voix des hommes libres », décrit le journal dans son article intitulé « Alger, Barakat impose son rassemblement ».
Voix dissonantes
Quelques manifestations plus tard et la naissance du mouvement Barakat qui s’est doté d’un texte fondateur et d’une page Facebook enregistrant plus de 28.000 fans, les journaux français se sont penchés de plus près sur ce mouvement de contestation « citoyen, pacifique et autonome, qui rejette le quatrième mandat et milite pour l’instauration d’un véritable régime démocratique en Algérie » comme il se définit lui-même. Dans une tribune parue le 22 mars sur le site d’information en ligne Rue89, Jacques Slimane décrit ainsi Barakat comme le « mouvement anti-Bouteflika des élites ». « Reste que Barakat est fragile. En s’adressant aux médias du monde entier et à l’intelligentsia d’Algérie, il fait l’économie de ce qui aurait pourtant dû constituer son fondement, sa prise au sol : le soutien du peuplejuge l’analyste risque pays.
Avec le temps, les projecteurs des médias étrangers se sont braqués sur les fondateurs de ce mouvement et notamment sur Amira Bouraoui. « Gynécologue-obstétricienne, cette petite femme de 38 ans est une des fondatrices du mouvement qui fait la Une des journaux algériens en cette mi-mars : Barakat », écrit le magasine économique Challenges, qui lui consacre un portrait dans son édition du 21 mars sous le titre : « Amira Bouraoui, la gynécologue qui défie Bouteflika ». « Mère de deux enfants de 9 et 5 ans, elle se désole: « les jeunes vendent des produits chinois sur les trottoirs et rêvent de ballons de foot et de visas pour aller vers des pays européens… en crise. » Pourtant, « l’Algérie est riche, mais Bouteflika n’a pas su profiter de l’embellie pétrolière pour en faire un pays émergent avec une forte croissance », écrit le magazine.