Le spécialiste international en énergie et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Francis Perrin, a déclaré que la décision de Total de renforcer sa présence en Algérie « est prise en toute connaissance de cause ».
Dans une interview accordée au quotidien Liberté, l’expert pétrolier a expliqué que Total partage la même vision de la plupart des compagnies pétrolières internationales, celle à moyen et à long terme et pas seulement à court terme. Selon lui, ces compagnies sont habituées à travailler dans de nombreux pays avec des degrés très variables de risque politique.
Ces compagnies, dira-t-il, sont habituées à travailler dans de nombreux pays avec des degrés très variables de risque politique.
« Ces investisseurs suivent, évidemment, de près l’évolution de la situation politique en Algérie, mais ils ne s’arrêtent pas de travailler pour autant, parce qu’ils ont signé des contrats qui les engagent avec l’Algérie pour plusieurs années et pas pour quelques semaines ou quelques mois », a-t-il indiqué.
A ce propos, Perrin signale que ENI, Total et d’autres n’ont pas fui le pays dans les dernières semaines. Il ajoute que Sonatrach poursuit ses activités d’exploration, de développement, d’exploitation, de transport, de transformation et de commercialisation des hydrocarbures, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie.
« Le groupe national vient d’ailleurs d’annoncer quatre nouvelles découvertes d’hydrocarbures en Algérie : trois de gaz naturel et de condensats et une de pétrole », a-t-il indiqué en ajoutant que depuis le début de cette année, Sonatrach a signé des contrats de développement pour plusieurs champs gaziers» . « En matière de pétrole et de gaz naturel, la vie continue », a-t-il souligné.
Par contre, l’expert n’a pas nié que les compagnies pétrolières internationales ne se bousculent pas en Algérie, car, selon lui, « plusieurs d’entre elles estiment que le pays doit améliorer son attractivité économique ».
Cependant, « il ne faut pas exagérer. Beaucoup de rumeurs circulent et beaucoup sont complètement fausses, telles que celles faisant état du départ d’ExxonMobil. Cela dit, les compagnies pétrolières, comme tous les investisseurs, n’aiment pas l’incertitude », a-t-il précisé.
Par ailleurs, Francis Perrin, a estimé que la signature de nouveaux contrats avec des compagnies internationales ne se fera qu’en fonction de la clarification de la situation du pays.
« Y aura-t-il une élection présidentielle début juillet ? Et si oui, qui sera élu et quelles seront ses orientations économiques et énergétiques ? S’il n’y a pas d’élection début juillet, comment sera organisée la transition, pendant combien de temps et que se passera-t-il après ? », s’est-il interrogé.
L’expert s’interroge aussi au sujet des réformes à apporter à la loi de 2013 sur les hydrocarbures. Pour lui, « de telles réformes supposent un pouvoir qui soit reconnu comme légitime par la population », car, assure-t-il, « les enjeux sont très importants ».