À compter du 1er janvier 2025, une nouvelle disposition gouvernementale va bouleverser le marché immobilier algérien en imposant l’utilisation exclusive des moyens bancaires pour toute transaction. Cette mesure représente une rupture stratégique avec les pratiques commerciales actuelles, visant à structurer un secteur traditionnellement dominé par l’informel.
Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a détaillé les mécanismes de cette transformation lors d’une réunion interministérielle. L’objectif étant de rediriger les flux financiers vers les circuits officiels et réduire significativement l’économie souterraine.
Cette initiative n’est pas sans précédent. Ahmed Ouyahia, ancien Premier ministre, avait tenté à trois reprises sa mise en œuvre en 2006, 2010 et 2015, sans succès. Chaque tentative s’est heurtée à des résistances structurelles, conduisant à l’abandon du projet et à l’éviction de son promoteur. Ces échecs révélaient des freins structurels profonds : un faible taux de bancarisation, une culture financière peu développée et une méfiance persistante envers les institutions bancaires.
Pour maximiser les chances de réussite, le gouvernement déploie un arsenal d’incitations. Un décret alignera les produits de finance islamique sur les crédits conventionnels. Les conditions de crédit immobilier seront assouplies, notamment pour les ménages aux revenus modestes, afin de faciliter l’adhésion.
Mais la question demeure. Cette fois-ci, la réforme réussira-t-elle là où les précédentes ont échoué ? Les paramètres ont certes évolué. Le contexte économique s’est transformé, la numérisation progressive de l’économie algérienne offre de nouveaux leviers. Pourtant, l’histoire récente enseigne la prudence. Les mécanismes culturels et les réflexes économiques traditionnels ont jusqu’à présent toujours eu raison des velléités réformistes.