A l’issue de la Conférence internationale pour l’investissement « Tunisia 2020 » l’économie tunisienne a pu mobiliser une enveloppe d’environ 14 milliards de dollars américains.
Cette enveloppe est répartie sur 15 milliards de dinars (1 dinar vaut 0,43 dollar américain) issus d’accords déjà signés tout au long de deux jours de l’événement, et 19 milliards de dinars sous forme de promesses d’investissements, a annoncé le chef du gouvernement d’union nationale tunisien, Youssef Chahed, lors d’une conférence de presse.
La capitale tunisienne a accueilli 4.500 invités issus de 70 pays pour cet événement, pas moins de 1.500 partenaires économiques étrangers, sans parler de 40 délégations officielles représentant particulièrement la France, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Algérie et le Canada.
La délégation officielle française était menée par le Premier ministre Manuel Valls qui a reflété, par sa présence personnelle, l’intérêt qu’accorde son pays à conforter son leadership en tant que premier partenaire économique de la Tunisie, selon certains observateurs et médias français ayant assuré la couverture de cet événement.
En effet, la Tunisie et la France ont signé des lignes de crédits d’une somme de 3 milliards de dinars sur quatre ans en plus de 420 millions de dinars de financements d’accords avec des avantages préférentiels, un don de 25 millions de dinars, sans parler du ré-échelonnement de la dette tunisienne qui sera convertie en partie en investissements.
L’Union européenne, principal marché commercial de la Tunisie, a validé au profit de l’économie tunisienne un don de 500 millions de dinars, l’allocation 600 millions de dinars pour le financement d’accords à avantages préférentiels, et un accord a été signé avec la Banque européenne d’investissement (BEI) d’une valeur de 6,8 milliards de dinars étalé sur 6 ans.
Etant l’un des parrains de « Tunisia 2020 » aux côtés de la France, le Qatar a signé avec la Tunisie des accords d’une valeur de 2,6 milliards de dinars. Quant aux accords conclus avec l’Arabie Saoudite, le montant global s’élève à 1,8 milliards de dinars.
Une plateforme multidisciplinaire qui espère redevenir attrayante
« Au bout de deux jours d’espoir, nous avons montré que nous sommes en mesure de bien traduire cette confiance internationale en faits concrets via l’instauration d’un climat d’investissements serein, attractif et rentable », a déclaré à Xinhua le ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale Fadhel Abdelkafi.
Selon le ministre tunisien, l’une des bonnes surprises ayant marqué la conférence, outre les accords conclus et les promesses engagées, est la réinstallation à Tunis du bureau régional de la Banque africaine de développement (BAD) pour la zone Afrique du Nord, après plusieurs mois de négociations.
Par conséquent, toutes les activités économiques et financières de la BAD pour cette zone seront dorénavant traitées et passeront impérativement par la capitale tunisienne, ce qui représente selon des experts locaux et étrangers un coup bien joué par la Tunisie.
La BAD a également signé avec le gouvernement tunisien des accords de financement d’une valeur de 309 millions de dinars, en plus d’une enveloppe de 1,5 milliard de dinars sous forme de promesses de projets.
D’après Mourad Fradi, co-commissaire général de la conférence « Tunisia 2020 », la présence de 40 délégations étrangères officielles en Tunisie pour négocier des investissements et soutenir l’économie tunisienne « constitue, d’un côté, une véritable reconnaissance quant à la capacité de notre pays à bien organiser de pareils événements et, de l’autre côté, une ferme aptitude tunisienne à restaurer son image de marque économique et financière ».
« Tunisia 2020 a constitué une opportunité propice pour la Tunisie pour faire preuve d’aptitude à séduire les investisseurs étrangers. C’est le bon moment, du fait que ce pays a montré qu’il est financièrement viable pour des investissements d’envergure mondiale », a commenté dans un entretien avec Xinhua Salvatore Torrente, directeur général d’une entreprise italienne qui cherche une implantation sur le territoire tunisien.
Le marché tunisien attend des investisseurs chinois
La présence d’une importante délégation chinoise en Tunisie pour faire part des travaux de cette échéance d’investissement « ne fait que prouver la conscience, voire même la volonté de la Chine à bien tirer profit des potentiels offerts en Tunisie, qui demeure un des sites d’affaires les plus attractifs en Afrique du Nord et sur la rive sud de la Méditerranée », selon Mourad Fradi.
« Etant donné la qualité des projets devant être réalisés par des compagnies et multinationales chinoises à l’issue de ce cet événement, notamment dans les infrastructures, voies ferrées et services, la Tunisie se veut de plus en plus ouverte sur son environnement économique régional et mondial pour ainsi rompre avec les partenaires traditionnels », a-t-il précisé avec Xinhua.
Premier vice-président de l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (centrale patronale), Hichem Elloumi a formulé l’espoir de voir le volume des investissements chinois en Tunisie s’accroître étant donné le savoir-faire et la bonne réputation des entreprises chinoises à l’international.
Un large champ de manœuvre est offert aux investisseurs chinois en Tunisie, à commencer par les secteurs manufacturier, et particulièrement dans les industries mécaniques et électriques, l’agroalimentaire, le textile-habillement ainsi que l’économie numérique, les énergies renouvelables, l’infrastructure et les transports.
L’investissement étranger, un cheval de bataille de l’économie tunisienne
Admettant que la situation économique générale n’est tout de même pas très rassurante en Tunisie depuis 2011, des experts tunisiens ont indiqué que l’investissement étranger se veut une dernière issue pour relancer une nouvelle donne économique qui répondra aux standards internationaux, servira les intérêts du pays et remplira les attentes du peuple tunisien.
Juste pour les neufs premiers mois de l’année en cours, les investissements directs étrangers (IDE) ne se portent pas bien, avec une baisse de 19,4% comparativement avec l’année 2015 sur la même période.
« Pour la Tunisie, l’investissement se veut l’un des principaux vecteurs de croissance et de développement, surtout que l’investissement privé a chuté, avec un taux de réalisation de projets étant passé de 22% à environ 12% », a confié à Xinhua l’économiste tunisien Moez Joudi, chef de l’Association tunisienne de gouvernance.
Selon lui, la Tunisie « œuvre à regagner la confiance des investisseurs étrangers et à favoriser des climats politique, logistique, sécuritaire et administratif opportuns ».
« Nous avons intérêt à ne pas se limiter aux partenaires traditionnels pour ainsi séduire d’autres marchés émetteurs d’investissements ».
Pour sa part, le chef du gouvernement d’union nationale Youssef Chahed a affirmé que son pays a exposé au monde « une nouvelle image de marque », celle d’un pays ayant réussi son processus de transition.
« La Tunisie se veut aujourd’hui sur la bonne voie tout en émettant, via cet événement réussi, un message fort à la communauté internationale, en leur assurant que ce pays restera une destination économique compétitive et assez attractive pour les investisseurs étrangers », a souligné M. Chahed à la clôture de « Tunisia 2020 ».