La Tunisie connait un véritable choc politique après la démission, mardi, du président de l’Instance supérieure indépendante électorale (Isie) à sept mois des municipales, une étape importante du processus démocratique. Les causes de la démission ne sont pas clairement établies.
La démission du président de l’Instance électorale tunisienne, Chafik Sarsar, ainsi que celles du vice-président, Mourad Ben Mouelli, et d’une autre membre, Lamia Zargouni et d’une dizaine d’administratifs n’est pas clairement motivée même s’il laisse entendre qu’il n’est plus en mesure de travailler de manière « impartiale » et « transparente ».
« Conformément au serment » selon lequel « nous nous engageons à œuvrer à des élections libres et transparentes, et à mener notre devoir avec indépendance et impartialité (…), nous avons décidé de démissionner », a déclaré M. Sarsar en assurant qu’ils ont été « contraints à cette démission ».
M.Sarsar a évoqué sans donner des détails des conflits internes « touchant aux valeurs et principes sur lesquels se fonde la démocratie ». Un membre anonyme de l’instance, cité par l’AFP, n’est pas plus précis. Selon cette source, Sarsar se serait trouvé en conflit avec d’autres membres de l’ISIE qui « veulent orienter le travail vers des intérêts précis ». Un autre collaborateur de M. Sarsar affirme qu’il se refusait à être « témoin de fraudes ».
La démission est intervenue à la veille d’un discours que doit prononcer ce mercredi le président président Béji Caïd Essebsi alors que le pays est confronté à la montée des luttes sociales à Tataouine (sud), Kairouan (centre) ou encore au Kef (nord-ouest).
Sarsar doit clarifier, selon les députés
Elle provoque un vif émoi parmi les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui évoquent une “menace sérieuse et dangereuse” pour le processus électoral et démocratique en Tunisie. Des députés ont demandé à M.Sarsar d’expliquer «les véritables raisons de sa démission avec deux membres de l’instance.
Imed Daimi, député du parti Al-Irada (bloc démocrate) estime qu’elle pourrait être le fait des pressions exercées sur l’ISIE pour faire reporter les élections municipales fixées au 17 décembre 2017.
Jilani Hammami (bloc du Front populaire) a demandé à Sarsar de dire clairement les raisons de sa démission pour lever les ambiguïtés et éviter les interprétations. “Si des pressions sont exercées sur l’ISIE, il est préférable d’en dévoiler l’origine, qu’elles soient juridiques ou politiques”.
Houcine Jaziri, député Ennahdha (qui fait partie de la coalition au pouvoir) a appelé à Sarsar et les deux autres membres de revenir sur leur démission. Le député d’Ennahda a souligné que Sarsar bénéficiait de l’estimé classe politique et n’a pas dévié de la neutralité dont a fait preuve l’instance électorale depuis sa création.
Le président du groupe parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiène Toubel estime que la classe politique devrait intervenir si la démission était la conséquence de conflits internes au sein de l’ISIE. Une explication qu’il semble privilégier puisqu’il exclut qu’il y ait eu des pressions de la part de partis dont Nidaa Tounes.