Selon les chiffres officiels, l’économie informelle représente 38% du PIB en Tunisie. Alors que les institutions internationales estiment que cette activité représente environ 53% du PIB, l’équivalent de 40 milliards de dinars, selon Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de la gouvernance.
Les professionnels du textile et du cuir et chaussures ont protesté lundi à Tunis contre la prolifération de l’économie informelle et de la contrebande afin d’alerter les pouvoirs publics sur l’amplification de ces phénomènes et leurs conséquences sur leur activité professionnelle.
Leur emboitant le pas, les commerçants du marché municipal des fruits et légumes de Tataouine ont observé une grève en signe de protestation contre le commerce parallèle et l’installation anarchique de certains commerçants, selon l’agence TAP.
Ce mouvement de contestation contre l’économie parallèle a recueilli le soutien de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) qui a qualifié, dans un communiqué repris par la TAP, le mouvement de « pacifique (qui) a pour objectif de protéger l’économie nationale et les circuits organisés ».
L’UTICA a appelé le gouvernement à déployer plus d’efforts afin de faire face à la prolifération de l’économie parallèle, relevant que l’économie nationale ne pourrait être relancée qu’à travers l’éradication de la contrebande et la lutte contre le commerce parallèle et informel. L’ensemble de ces phénomènes ont des répercussions négatives sur l’économie du pays, selon l’UTICA, qui cite notamment, la fermeture de plusieurs usines avec pour corollaire une perte d’emplois.
Prolifération de l’économie informelle
Selon les chiffres officiels, l’économie informelle représente 38% du PIB en Tunisie. Alors que les institutions internationales estiment que cette activité représente environ 53% du PIB, l’équivalent de 40 milliards de dinars, selon Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de la gouvernance.
Dans une déclaration à la TAP, l’expert a estimé, que ce fléau a été toujours présent en Tunisie, à l’instar du reste des pays du monde, mais qu’il s’est largement développé après la révolution, au vu de l’affaiblissement du contrôle de l’Etat, entraînant un manque à gagner au niveau de la fiscalité estimé à environ 2 milliards de dinars par an.
Selon des statistiques publiées par la Banque Mondiale, le secteur informel en Tunisie est estimé à 54% de la main d’œuvre. L’informalité se concentre dans des micro entreprises, soit 524 mille unités représentant 35% du tissu entrepreneurial.
L’implication de l’INC
Notons que la prolifération de l’économie informelle a suscité, ces derniers jours, la colère de toute la société tunisienne. En dehors, des professionnels, des experts et du patronat, l’Institut national de la consommation (INC) s’est également impliqué à travers un appel aux consommateurs les incitant « à ne pas s’approvisionner auprès des circuits informels et des marchands ambulants et anarchiques ». « Ce comportement d’achat va permettre au consommateur d’acheter des produits au moindre coût et de meilleure qualité, et ce, conformément aux standards de pesage et de tarification en vigueur », a estimé l’INC dans un communiqué rendu public lundi.