La crise qui frappe le tourisme tunisien en 2015, est « la plus grande de son histoire » et l’année 2016 s’annonce sous de mauvais auspices.
Les recettes du secteur touristique ont régressé à fin novembre 2015, de 33,8% à 2,249 millions de dinars (MD), par rapport à la même période de 2014, selon les derniers indicateurs publiés par le ministère du tourisme. Les revenus du tourisme sont en chute libre par rapport à l’année de référence 2010, au cours de laquelle la Tunisie avait engrangé 3,277 MD (11 mois). Les indicateurs montrent également, une baisse de 44,7% des nuitées par rapport à 2014 et de 54,6% par rapport à 2010. En effet, du 1er janvier au 30 novembre 2015, les nuitées se sont montées à 15,512 millions, contre 21,038 millions en 2014 et 34,171 millions en 2010. Les faibles résultats enregistrés par le secteur touristique se manifestent également, par la régression du nombre des entrées de 7,333 millions en 2010, à 6,716 millions en 2014 et 4,955 millions à fin novembre 2015.
Poursuite de la crise au cours des 4 premiers mois 2016
Le président du groupement professionnel du tourisme de la confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), Houssem Ben Azouz prévoit « la poursuite de la crise du tourisme en Tunisie au cours des quatre premiers mois de 2016 ». Il a déclaré dans un entretien téléphonique avec l’Agence TAP, que plusieurs tours opérateurs internationaux et notamment britanniques « n’ont pas programmé la destination Tunisie, dans leurs activités en 2016 ». Il importe d’après lui, d’oeuvrer au cours de cette année, à regagner la confiance des marchés touristiques européens, en faisant régner la sécurité dans le pays. Le responsable de la CONECT a considéré que la crise qui frappe le tourisme tunisien en 2015, est « la plus grande de son histoire », précisant que 270 unités ont fermé sur un total de 570 hôtels classés (48%). Dans certaine régions plus de la moitié de la capacité est fermée: Mahdia (71%), le Sud (64%), Monastir (62%), Djerba Zarzis (58%), Cap Bon (58%) Sousse (43%) et Tabarka (42%).
192 hôtels fermés
De son côté, l’ONTT (Office National du Tourisme Tunisien) avance le chiffre de 33% d’unités fermées (192 hôtels). Malgré la hausse du nombre des algériens cette année dont les entrées s’élèvent à 271,218 mille touristes, les frappes terroristes ont été à l’origine de la chute du secteur et de la baisse de nos clients traditionnels en France, Italie, Allemagne et GrandeBretagne. En effet, les attaques terroristes perpétrées dans les zones touristiques, l’année écoulée ont été fatales au secteur avec l’attentat du Bardo, le 18 mars (mort de 23 touristes) et celui de l’hôtel Impérial à Sousse le 26 juin (38 touristes morts en majorité britanniques). S’agissant du tourisme intérieur, les nuitées passées par les tunisiens dans les hôtels se sont élevées jusqu’au 20 novembre 2015, à 4,4 millions, ce qui représente 30% des nuitées globales. Le nombre de tunisiens à l’étranger qui ont visité le pays au cours de la même période a atteint près de 44,07 mille personnes.
Des réalisations et des attentes
Nonobstant, onze nouvelles unités touristiques ont été ouvertes en 2015 et l’aménagement des zones touristiques se poursuit à Gabès, Tataouine, Médenine, Sbeitla, Bakalta (Monastir), El Ghdabna (Mahdia) et Bizerte, selon les déclarations de la ministre du tourisme, Selma Elloumi, à l’ARP, le 15 novembre 2015. Malgré les mesures urgentes prises par le gouvernement Essid au profit du secteur touristique et des activités connexes, le gouvernement est appelé à trouver de nouvelles alternatives pour la diversification du produit, le ciblage de nouveaux marchés par la biais d’une politique commerciale audacieuse et la promotion du tourisme intérieur, d’autant que l’impact de la crise touristique a touché également, de plein fouet le transport aérien, l’artisanat et l’agroalimentaire.