« La non adoption des lois concernant le secteur énergétique, ne sert pas l’intérêt du pays », selon le chef du gouvernement, « mais envoie plutôt des signaux négatifs aux investisseurs étrangers et notamment à ceux qui opèrent en Tunisie, surtout si on les accuse de corruption et les qualifie de vampires ».
Le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaa a déclaré dans une interview exclusive à l’Agence TAP qu’il faut « accélérer l’adoption des lois relatives au secteur énergétique, notamment, celles ayant trait aux permis de recherche des hydrocarbures et à leur prolongation ».
Il a ajouté « qu’il faut tenir ce dossier à l’écart des surenchères politiques et des tiraillements partisans, et tenir compte du seul intérêt national ».
« Personne n’a le droit de bloquer sous aucun prétexte, les permis pétroliers », a-t-il affirmé, indiquant que « la Tunisie ne peut tolérer la poursuite d’un tel blocage, alors qu’elle est en train de lutter contre la menace terroriste, ce qui nécessite la sécurisation des sources d’approvisionnement ».
« La non adoption des lois concernant le secteur énergétique, ne sert pas l’intérêt du pays », selon le chef du gouvernement, « mais envoie plutôt des signaux négatifs aux investisseurs étrangers et notamment à ceux qui opèrent en Tunisie, surtout si on les accuse de corruption et les qualifie de vampires ».
Des blocages qui coûte cher
Ces blocages ont coûté très cher à la Tunisie, a-t-il souligné, puisqu’ils ont entraîné une aggravation du déficit de la balance énergétique, due à la baisse des exportations du pétrole brut (-11%) et la hausse des importations de gaz naturel (+66,9%).
La production de pétrole brut et de gaz naturel a chuté de 15%, ce qui a contribué à une croissance négative des industries non manufacturières (-5,8%), entraînant une régression du taux de croissance à 2% durant le premier trimestre 2014 et à 2,1 % au premier semestre 2014. « Un taux en deça des espoirs », selon le chef du gouvernement.
Mehdi Jomâa estime, par ailleurs, que le secteur de l’énergie « est bien réglementé et régi par des lois évoluées organisant les opérations de production, de recherche et d’exploration des hydrocarbures ».
Il a évoqué, sur un autre plan, les larges perspectives que pourrait ouvrir la loi sur la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables, en matière d’impulsion de l’activité économique, à travers le développement de nouveaux créneaux d’investissement et partant la promotion de l’emploi et de la croissance.
Le chef du gouvernement a précisé que des financements d’une valeur de 100 millions de dinars seront alloués au Fonds de transition énergétique, pour inciter les jeunes promoteurs à réaliser des projets dans les énergies renouvelables.
Gaz de schiste toujours d’actualité
S’agissant du projet de prospection du gaz de schiste, Jomâa a affirmé que la Tunisie a opté pour ce projet dans sa première phase, à savoir l’étape d’évaluation des ressources. Il a insisté, à ce sujet, sur la nécessité d’adopter « une démarche scientifique qui prend en considération tous les points de vue, concernant ce projet », relevant que toute décision dans ce domaine sera prise loin des tiraillement et en prenant en considération uniquement l’intérêt national.
En ce qui concerne le dossier de la subvention des hydrocarbures, le chef du gouvernement a précisé que cette charge qui grève le budget de l’Etat, ne peut être atténuée qu’en ciblant directement les catégories qui en ont réellement besoin.
Il a annoncé qu’un groupe de travail se penche actuellement sur ce dossier et oeuvre à mettre en place une base de données publique qui permettra d’établir une carte sociale qui habilitera l’Etat à cibler directement les familles bénéficiaires.
Revenant à la situation en Libye et au sujet de la grande affluence des ressortissants libyens sur la Tunisie et l’impact que cela pourrait avoir sur l’accroissement des dépenses de subvention, Jomâa a simplement souligné que « la sécurité de la Tunisie, sur tous les plans, demeure une priorité absolue pour le gouvernement actuel ».