La Tunisie a arrêté son choix sur la banque d’affaires ARJIL, dont Dominique Strauss-Kahn (DSK) est partenaire, pour promouvoir son nouveau plan quinquennal (2016-2020) et encourager les institutions financières internationales à financer les projets prévus par ce plan. ARJIL a remporté l’appel d’offres aux côtés du bureau d’ingénierie tunisien Comete Engineering et le groupe Jeune Afrique.
DSK, ex-directeur du FMI (67 ans) est déjà conseiller, à travers l’une de ses sociétés, de plusieurs pays dont la Serbie, au moment où le Fonds d’investissement luxembougeois LSK (Leyne, Strauss-Kahn&Partners), qui lui appartient est cité dans les montages financiers offshore des Panama Papers.
Comment solliciter une personnalité qui est toujours en plein tourment judiciaire, après la faillite du Fonds LSK et d’autres affaires, pour faire rayonner l’image d’une jeune démocratie pleine d’ambitions et qui cherche à couper avec les anciennes pratiques? Des journalistes de l’agence TAP ont tenté d’avoir une réponse à cette question auprès du ministre de l’Investissement et de la Coopération Internationale, Yassine Brahim. Son département a chapeauté l’élaboration du plan quinquennal, dont l’une des priorités absolues est de garantir la sécurité et la paix sociale, conditions essentielles pour attirer les investissements nationaux et internationaux.
«Nous ne sommes pas habilités à intervenir dans le choix de la banque, dont Dominique Strauss-Kahn est partenaire », a-t-il répondu. La loi des marchés publics ne permet pas d’intervenir dans le choix des sociétés qui ont remporté l’appel d’offres ni de s’immiscer dans leurs affaires intérieures et leurs relations.
A son avis, « DSK est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire et ça ne le prive pas de conseiller la Tunisie et de promouvoir le plan de développement tunisien puisqu’il a un carnet d’adresses bien garni et des relations internationales diversifiées ».
La faute n’est pas au département de l’Investissement, ni au gouvernement, a laissé entendre le ministre, dans une interview accordée à TAP. Il dit être surpris comme tout le monde du nom de DSK et de son rapport avec ARJIL.
L’appel d’offres est passé par la Commission Supérieure des Marchés et celles-ci a retenu, conformément aux lois en vigueur, le plus disant, a-t-il expliqué, en l’occurrence la Banque ARJIL.
DSK se chargera, d’après Yassine Brahim, de parler des potentialités de la Tunisie pour y attirer les investisseurs et aussi les financements nécessaires à l’exécution du plan quinquennal 2016-2020.
C’est le chef du gouvernement qui a choisi de lancer, l’appel d’offres international pour promouvoir le nouveau plan de développement de la Tunisie et assurer l’organisation de la conférence internationale sur l’investissement, rappelle le ministre.
Et d’ajouter « tout cela pour éviter une polémique pareille à celle éclatée à l’annonce du choix, au début, de la banque Lazard pour promouvoir le même plan tunisien. Le gouvernement tunisien a été contraint d’arrêter des démarches pour traiter avec ladite banque et de lancer un appel d’offres international »
Quel rôle pour l’ensemble des sociétés qui ont remporté l’appel d’offres ?
Le groupe Jeune Afrique se chargera, selon Brahim, de l’organisation de la conférence internationale sur l’investissement qui se tiendra, en mois de novembre 2016. Seront invités à cette conférence de nombreux journalistes du monde entier.
Pour sa part, la banque d’affaires ARJIL, chargera un groupe de consultants, présidé par DSK, d’accompagner la Tunisie dans ses négociations avec les banques et les institutions financières internationales. Objectif : mobiliser des financements pour réaliser les projets publics prévus par le plan de développement tunisien.
Le recours à des tiers pour promouvoir le plan quinquennal 2016-2020 permettra à l’Etat de réduire de 10% les dépenses destinées aux opérations de promotion (environ 50MD), d’après le ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.