On le présentait comme joker du deuxième tour des présidentielles tunisiennes du 23 décembre prochain, Hamma Hammami, le leader du parti de l’extrême gauche « le Front populaire » a déclaré mardi que son parti ne soutiendra pas automatiquement Nidae Tounes de Beji Caid Essebsi.
Hamma Hammami contredit toutes les prévisions données par l’ensemble des spécialistes au lendemain des élections du 23 novembre sur son appui à Beji Caid Essebsi au deuxième tour : « Ceux qui ont voté pour le Front populaire, l’ont fait pour soutenir une force politique indépendante. Nous sommes en train de négocier notre position quant à ce deuxième tour. Avant de demander au FP de trancher, il faudrait demander tout d’abord aux deux parties en lice de clarifier leur position vis-à-vis des attentes et des aspirations des tunisiens », a-t-il déclaré dans une interview au quotidien Al AKhbar, en précisant « le Front populaire n’est pas uniquement face à deux choix, être avec El Merzouki ou avec Essebsi, mais il ya d’autres choix possibles ».
Le militant de l’extrême gauche tunisienne va plus loin en regrettant que son peuple soit dans l’obligation de choisir entre deux personnalités de la droite : « Une droite conservatrice sous couvert religieux d’une part, et un Beji Caid Essebsi soutenu par la grande bourgeoisie qui a perdu son rassembleur depuis la destitution de Ben Ali, et qui représentait l’aile libérale du parti Al Doustour auquel il appartenait, avant de le quitter et de disparaitre de la vie politique durant les années 90 ». Le représentant des forces de gauche qui a obtenu 7,82%des voix lors du 1er tour de la présidentielle déclare que « dans tous les cas ni El Merzouki, ni Caid Essebsi représentent le FP ».
Merzouki, oppresseur du peuple
Pour ce qui est de sa position « attendue » contre El Merzouki, Hamma Hammami confirme que « personne dans son parti n’aime le Congrès Pour la République ( parti de Moncef El Merzouki formé en 2001), pour la simple raison que ce parti est responsable avec Ennahda et la coalition des crimes politiques, sécuritaires, économiques et culturels qu’a connus la Tunisie durant les trois dernières années ». Et d’ajouter : « El Merzouki s’est allié avec des milices et des forces qui ne croient pas en la démocratie. Son discours sème la discorde et vise à diviser les tunisiens sur des bases tribales, régionales, ou dogmatiques ». Hamma Hammami ne lésine pas sur ses accusations à l’encontre de l’actuel président par intérim en le qualifiant d’oppresseur du peuple tunisien après avoir été l’opprimé.
A une vingtaine de jours de la tenue du deuxième tour des présidentielles, Hamma Hammami affirme qu’il prendra tout son temps pour trancher, car « il n’a vu aucun programme des deux partis, hormis les querelles interpersonnelles ». En fin, Hammami dément toute alliance avec Nidae Tounes pour une transaction ou une promesse de poste comme rapporté ces derniers jours par la presse locale. Toutefois, le leader du Front Populaire se dit « prêt à écouter les propositions de Nidae Tounes ».