Depuis le début du Hirak, des milliers d’Algériens se rassemblent, chaque dimanche, à la Place de la République à Paris, pour appeler à un changement de système en Algérie.
Maghreb Émergent était présent ce dimanche 17 novembre 2019 à ce rassemblement hebdomadaire où l’ambiance est similaire à celle des villes algériennes. Les mêmes slogans, les mêmes pancartes , le même pacifisme affiché et surtout le même objectif. A savoir celui de la mise en place d’une véritable démocratie en Algérie.
Les messages politiques font penser directement à ceux de la grande Poste, à Alger, à Bejaia, à Tlemcen, à Tamanrasset ou à Annaba.
Plus de 30 collectifs autour des manifestations de la Place de la République
« Nous sommes nombreux à organiser les manifestations ici en France et c’est tant mieux. Nous partageons un but commun, qui est le soutien du Hirak en Algérie. Ici, c’est la reproduction exacte des mêmes revendications de nos concitoyens en Algérie », nous dit Akila Lazri, présidente du collectif Alliance des Démocrates de la Diaspora Algérienne (ADDA). Un collectif créé le 21 octobre 2019 à Paris (France).
A la place de la République, une trentaine de collectifs de soutien à la révolution citoyenne algérienne pour le changement démocratique sont reconnaissables à leur emplacement, à leur façon de brandir les pancartes.
Devant la stèle République, la place la plus dominante, on retrouve le collectif « Algérie Nouvelle ». Une enceinte sonore installée dans un stand est mise à la disposition de ceux qui souhaitent s’exprimer au sujet de la cause algérienne.
Juste en face de « Algérie Nouvelle », sur l’axe centrale de la place, le collectif « Libérons l’Algérie » installe à son tour son stand équipé d’un pupitre servant d’un espace de prise de parole aux activistes politiques et militants. A gauche, un stand le « Comité national pour la libération des détenus » (CNLD-Section France).
Derrière la stèle de Place de la République, un autre collectif contre la répression et pour le changement démocratique en Algérie a aussi son stand et tend le microphone à ceux qui veulent s’exprimer.
Agora des artistes engagés
Au milieu de la place de la République, plusieurs artistes peintres et amateurs installent leurs toiles et impliquent des enfants dans des œuvres participatives. « Ces artistes nous dessinent l’Algérie d’aujourd’hui et celle de demain », nous souffle à voix basse un vieux manifestant installé en France depuis des années.
Sur le côté droit de la place de la République, une vingtaine de jeunes forment un chœur et chantent les mêmes chansons des jeunes que celles chantées à Alger.
Après Dimanche…
Un inter-collectif, rassemblant l’ensemble des collectifs algériens pour le soutien de la révolution citoyenne « se réunissent après chaque manifestation et débattent de la situation politique du pays et programment les actions à mener », indique Redouane Cherki, président de l’association Action citoyenne pour l’Algérie (ACA). Il militait déjà depui2014 contre le 4ème mandat de Bouteflika et en 2019 pour le changement démocratique.
Pour la présidente de l’ADDA, Akila Lazri, « la priorité actuellement est de mener des actions contre les élections présidentielles du 12 décembre ».
Pour mener les action d’une manière efficace, « nous avons pris l’initiative de fédérer nos efforts pour être mieux organisés », précise Akila Lazri.
Tout pour empêcher les élections du 12 décembre
« Notre objectif actuellement est de rester en contact pour mener des actions communes », déclare Redouane Cherki. « Surtout après la réussite de la grande marche du 1er novembre que l’inter-collectifs a organisé depuis place de la Bastille vers place de la République. Surtout que des Algériens venus de plusieurs villes d’Europe sont venus pour participer à cette marche », dit-il.
Sur l’union des différents collectifs et association de la Diaspora algérienne en France, Redouane Cherki croit que les Algériens de l’étranger « ne doivent pas être divisés, alors que dans le pays, c’est l’union sacrée qui constitue la force du peuple ».
Cette union est, selon le même interlocuteur, la force de la diaspora pour les prochaines actions, surtout que les élections algériennes à l’étranger se dérouleront en trois jours (9, 10, 11 décembre 2019).
Quand les « Black-blocs » s’emmêlent
Dimanche 17 novembre, vers 17h, des dizaines de manifestants Gilets jaunes, que certains ont identifié comme un groupe de « Black-Blocs » (une frange de manifestant qui agissent, généralement d’une manière violente), ont débarqué à la Place de laRépublique, face à la Rue du Faubourg du Temple.
20 minutes plus tard, les éléments de la police antiémeutes (CRS) interviennent. Une action qui a provoqué une panique du côté des manifestants algériens, les CRS ayant intervenu d’une manière violente en utilisant des bombes lacrymogènes pour disperser la foule.
Fort heureusement, les « Gilets orange » (encadreurs du rassemblement) ont pu exfiltrer tous les manifestants de la place et aucun incident n’a été déclaré. Les jeunes qui étaient sur place ont aussi scandé « Des algériens machi des Gilets jaunes », pour dire qu’ils se distinguent des « Black-Blocs » qui étaient sur place.
De notre envoyé sécial à Paris, Aboubaker Khaled