Quatre valeurs devraient être les bases de la nouvelle société algérienne : la responsabilité, la justice, l’innovation et la solidarité. Cette dernière valeur qui a toujours existé dans la société traditionnelle devrait être maintenue et renforcée, soutient Soufiane Djilali.
« Il faut lancer un débat sur le projet de société dont nous voulons mettre les bases en Algérie, afin de se défaire de l’emprise de la société traditionnelle qui s’est effritée mais qui n’a pas totalement disparu ». C’est ce que pense Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, invité de Radio M, jeudi dernier, pour parler de son essai : « La société algérienne, choc de la modernité, crise des valeurs et des croyances ».
D’après Soufiane Djilali, l’Algérie est désormais à l’abri des violences internes ou d’une guerre civile telle que vécues durant les années 1990. Pour lui, c’est précisément la confrontation de la structure sociale traditionnelle avec les valeurs modernes qui a provoqué les troubles qu’a connus le pays durant la décennie noire. Les convictions religieuses n’auraient pas été au centre de ce conflit mais plutôt à sa périphérie. « La religion a été employée, pendant longtemps, pour consolider des valeurs traditionnelles et la volonté de moderniser l’Algérie a donné lieu à une violente confrontation », explique-t-il, ajoutant que ce sont les valeurs modernes qui se sont imposées.
D’un autre côté, le conformisme religieux exagéré et le ritualisme outrancier sont employés, explique-t-il, pour compenser le phénomène du « refroidissement de la foi » qui existe actuellement. Les imams et les représentants de la religion ne jouissent plus du même respect qu’ils avaient auparavant et le ritualisme de certains d’entre eux provoque moqueries et plaisanteries, poursuit le président de Jil Jadid. Il constate, en même temps, la montée, en Algérie, de l’athéisme et de la conversion religieuses. En rejetant le modèle de la société traditionnelle, beaucoup rejettent les valeurs religieuses employées pour le soutenir, soutient-il.
Le rôle de l’élite
Soufiane Djilali pense que l’élite qui a mené l’Algérie vers son indépendance et qui a dirigé le pays, par la suite, a voulu opérer une ouverture à laquelle la société n’était pas encore préparée. Le changement des structures sociales n’aurait pas dû être le seul fait d’une élite puisqu’il est supposé émaner de la société elle-même. L’élite, notamment politique, ne devrait être présente que pour accompagner et orienter ce changement, assure-t-il.
« Je pense que les valeurs de la société traditionnelle ont été vaincus par la modernité, mais il faudra encore des années pour que le changement vers une société moderne s’opère réellement », indique l’invité de Radio M. Selon lui, l’Algérien est encore tiraillé entre les deux modèles de société, ce qui explique les nombreuses contradictions qui se bousculent dans son esprit. C’est essentiellement pour cette raison qu’un débat sur un nouveau projet de société s’impose, selon lui.
Quatre valeurs devraient être les bases de la nouvelle société algérienne, soutient-il. Il s’agit de la responsabilité, de la justice, de l’innovation et de la solidarité. Cette dernière valeur qui a toujours existé dans la société traditionnelle devrait être maintenue et renforcée, dira-t-il. Soufiane Djilali estime, en outre, que la jeune génération est plus décomplexée que ses aînées et accepte, de ce fait, plus facilement les valeurs modernes.