« Un management algérien et une nouvelle stratégie pour El Hadjar », Réda Amrani sur Radio M - Maghreb Emergent

« Un management algérien et une nouvelle stratégie pour El Hadjar », Réda Amrani sur Radio M

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L’expert estime que le complexe a été victime d’un « gâchis »  et d’une «  régression catastrophique » et que les investissements prévus dans le dernier plan de redressement de l’entreprise ne parviendront pas à  remettre en selle. Le plan  annoncé, en dépit des moyens financiers mobilisés, n’est  pas à la mesure des potentialités du site qui a besoin d’une « nouvelle configuration technologique et industrielle ».

 

L’expert industriel  Réda Amrani, qui était ce mardi l’invité de Radio M, juge de façon sévère l’évolution de la sidérurgie algérienne au cours des dernières décennies. Il stigmatise en particulier  l’ « absence de vision stratégique des autorités algériennes » qui a été à l’origine d’une série de «  mauvais choix »qui semblent  se poursuivre aujourd’hui encore. De mauvais arbitrages qui ont conduit dès la fin des années 70’ à transformer le complexe d’El Hadjar en entreprise à « vocation plus sociale qu’économique » avec des effectifs qui ont atteint au plus haut de leur courbe près de 19 000 travailleurs. Mauvais choix aussi  avec une privatisation au profit d’un partenaire, le groupe Arcelor –Mittal, qui « n’a pas réalisé les investissements prévus, qui a tout fermé et qui a pris le marché ».

Une production nationale insuffisante et déséquilibrée

Conséquence de ces mauvais choix, Réda Amrani estime aujourd’hui la production nationale à  1,5 million de tonnes de produits sidérurgiques au total   pour un marché algérien dont les besoins s’élèvent à près de 6,5 millions de tonnes et devraient atteindre à moyen terme plus de 8 millions de tonnes par an. Les projets annoncés ou en cours de réalisation, s’ils sont susceptibles de réduire partiellement notre dépendance à l’égard des importations, traduisent également du point de vue de l’expert algérien un manque d’anticipation et d’ambition industrielle. Leur réalisation risque en particulier de se traduire par un déséquilibre et un excédent de la production nationale en faveur du rond à béton, tandis que notre pays restera fortement dépendant de l’extérieur pour les produits plats à plus forte valeur ajoutée. Parmi ces derniers produits, Réda Amrani cite l’exemple des tubes sans soudures dont «  Sonatrach en particulier est très demandeur et dont le prix de vente peut atteindre 8 000 dollars la tonne tandis que le prix du rond à béton ne dépasse pas 400 dollars ».

Qatar Steel , un « vrai partenaire »

La plupart des  projets réalisés ou en cours de réalisation comme le complexe  Tosyali Algérie, la plus grande usine sidérurgique privée en Algérie installée dans la région oranaise  avec une capacité de production annuelle de 1 250 000 tonnes qui devrait atteindre 2 millions de tonnes rapidement, sont de « bons projets » pour  Réda Amrani . C’est aussi le cas du complexe qui sera réalisé en partenariat avec Qatar Steel à Bellara. Un « vrai partenaire » selon l’expert algérien qui souligne que « Qatar Steel produit de l’acier depuis 40 ans en utilisant les technologies les plus modernes ». D’ailleurs, rappelle Réda Amrani , « le projet d’aciérie à Bellara était déjà dans les cartons des autorités algériennes en 1986 avec le même équipementier qui est l’italien Danieli ».Ce complexe devrait produire « 2 millions de tonnes de produits long dans une première étape avant de passer à la production de produits plats » .

Un management algérien et une nouvelle stratégie pour El Hadjar

C’est au complexe d’El Hadjar que Réda Amrani réserve ses critiques les plus vives. Un complexe victime d’un « gâchis »  et d’une «  régression catastrophique » et que les investissements prévus dans le dernier plan de redressement de l’entreprise ne parviendront pas à  remettre en selle. Pour Réda Amrani, le plan  annoncé, en dépit des moyens financiers mobilisés, n’est  pas à la mesure des potentialités du site qui a besoin d’une « nouvelle configuration technologique et industrielle ». Ce qu’il faut pour  El Hadjar, qui dispose encore « d’atouts considérables avec un site privilégié, de nombreux équipements, des voies ferrées et un collectif de travailleurs avec plus de 50 années d’expérience »,  c’est aujourd’hui selon Réda Amrani «  un management algérien, un Conseil d’Administration compétent et un changement  de plan stratégique ». Les nouvelles orientations préconisées par l’expert algérien consistent à «  freiner l’investissement dans la filière produits longs et venir le plus rapidement possible à la filière réduction directe et sidérurgie compacte ». Des options qui doivent « fixer pour objectif au complexe d’EL Hadjar de produire 5 millions de tonnes de produits sidérurgiques à haute valeur ajoutée et pas du rond à béton ».

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