« Deux nouveaux dossiers ont reçu l’aval de la commission technique pour porter à trois le nombre des prétendants à la fabrication de véhicules aussi bien particuliers qu’utilitaires», informe le dernier communiqué du Ministère de l’industrie, qui rappelle que pas moins de dix huit dossiers, dont l’objet porte sur le montage et la fabrication automobile, ont été déposés auprès des services compétents.
Dans ce lot, figure un projet de véhicules électriques. En effet, « Selon des sources dignes de foi, il existerait un projet de fabrication de véhicules électriques. Ce projet, s’il se confirme, se distingue nettement de l’ensemble des candidatures adressées au ministère de l’industrie par sa projection vers le véhicule électrique avec l’ambition affirmée de faire franchir à notre pays une étape décisive dans l’industrie automobile » Rapporte notre confrère en ligne carvision.dz.
A en croire certains experts, pareil projet a toutes les chances de réussir, surtout que l’industrie automobile s’oriente foncièrement vers l’électrique.
Ils ajoutent que « l’électrique » est une chance pour l’Algérie. Une fenêtre qui lui ouvre une belle perspective pour les cinq à dix ans avenir, compte tenu des profonds bouleversements que connaît l’industrie automobile dans le monde. A savoir une profonde restructuration industrielle qui voit le passage de la traction hybride à la traction électrique. « Avec l’électrique, nous n’aurons pas à investir dans de lourdes usines, spécialisées dans les moteurs thermiques ou les boites de vitesses classiques, on fera l’impasse sur ces investissements très lourds. » Soulignent-ils tout en expliquant que le modèle «électrique » est un choix technologique largement à la portée de l’Algérie qui pourra alors développer des usines de classe mondiale en terme de coût qualité.
En effet, si ce projet initié par un industriel algérien reçoit l’aval de la commission technique, son promoteur étant connu pour disposer d’une grande compétence dans le secteur de l’énergie électrique, pourra faire bénéficier au pays une avancée considérable, au regard de la nouvelle tendance mondiale de l’industrie automobile qui s’oriente de façon radicale vers la production de véhicules électriques. » Poursuit pour sa part notre confrère.
Mais d’aucuns diront qu’il s’agit d’une vision irréaliste, qui s’inscrit en porte-à-faux avec la réalité de l’industrie et du marché automobiles algériens, du moins sur le court terme, et ce pour plusieurs raisons.
Pourquoi la voiture électrique n’est pas prête de rouler en Algérie
Le prix :
D’abord, le prix d’une voiture électrique n’est pas à la portée de tous. Les constructeurs proposent de plus en plus de modèles mais le marché reste actuellement limité et les prix sont toujours très élevés par rapport à un véhicule classique, y compris les modèles hybrides.
Les voitures électriques coûtent plus de 30 000 € pour les modèles populaires dans certains pays européens : Renault Zoe (32 600€ ou 24 400€ si l’on choisit la location des batteries), VW eGolf (33 000€), Nissan Leaf (36 500€), BMW i3 (40 700€). Seules la Smart Fortwo (24 000€), la Smart Forfour (24 500€) et la Volkswagen eUp (23 000€) descendent sous les 30 000€ !
Cependant, il existe une exception faite par la Chine, qui réussi à produire des voitures électrique qui coûtent moins de 20 000 dollars. En effet, Kandi, une compagnie automobile chinoise vient d’annoncer que deux de ses modèles (K27 et K23) ont reçu un certificat de conformité de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) aux États-Unis, où elles seront commercialisées.
Mais le best-seller du moment reste la Hong Guang MINI EV de Wuling (fruit d’une joint-venture entre SAIC et GM), qui coûte moins de 5000 euros. Lancé en juin dernier, ce modèle a établi un record de ventes en novembre 2020, avec quelque 30 000 unités commercialisées.
Les batteries :
La batterie électrique est le composant le plus cher dans une voiture électrique. la production de ce équipements posent de grands problèmes environnementaux et sociaux. les constructeurs utilisent de plus en plus de batteries au lithium pour les véhicules.
Selon les spécialistes du segment électrique, ces préoccupations restent d’actualité, même si l’efficacité des batteries évolue rapidement. Entre 2009 et 2016, elles sont passées de 100 Wh/litre à 350 Wh/litre, soit une capacité 3,5 fois plus élevée pour la même taille. Dans le même temps, leur prix a été divisé par trois. Mais en fin de vie, la batterie constitue un problème sur le plan environnemental, au niveau de la gestion des déchets.
L’autonomie de la batterie :
Là aussi, il s’agit d’une véritable « barrière à l’entrée » de la voiture électrique sur le marché algérien. Considérée comme un facteur limitant, force est de constater que l’autonomie des voitures électriques évolue. De plus en plus de modèles proposent proposent 300 km, voire 600 km avec une seule charge.
Mais ce paramètre demeure un inconvénient de taille pour l’automobiliste algérien, qui est plus ou moins habitué à enchaîner les kilomètres sans trop se soucier de l’autonomie de son véhicule. D’autant plus qu’une conduite agressive ou une utilisation accrue de la climatisation, accélère la consommation de l’énergie générée par la batterie.
Les bornes de recharge :
Même si l’on peut recharger sa voiture chez soi, via une prise normale, l’installation de bornes de recharge publiques est indispensable pour introduire la voiture électrique en Algérie. En effet, l’Algérie devra créer ex-nihilo un réseau étoffé de bornes, à travers tout le territoire national.
Un équipement technologique que l’Etat devra importer en masse et par conséquent en assumer le coût sur le court terme, à moins de se lancer dans la production locale, ce qui nécessite une ingénierie et un savoir-faire.
En France le coût relatif à l’installation de 100 000 bornes publiques « rapides » (à 20.000 euros l’unité) a été évalué à 2 milliards d’euros, en 2018.
Les habitudes de consommation :
Enfin, pour s’imposer comme produit à large consommation en Algérie, la voiture électrique devra bousculer les habitudes de consommation des ménages. Autrement dit, il faudra inéluctablement promouvoir un nouveau mode de consommation de l’automobile, auquel les ménages ne sont pas prêts, car l’automobiliste algérien reste très attaché au carburants fossiles (essence et diesel), et moins enclin à envisager une évolution dans ce domaine, comme en témoigne l’échec relatif de la stratégie du GPLc en Algérie, qui peine à convaincre les consommateurs, malgré les avantages financiers qu’il offre.