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Maghreb

La société canadienne Streit est soupçonnée d’avoir violé l’embargo sur les armes pour la Libye

Par Yacine Temlali
août 18, 2016
La société canadienne Streit est soupçonnée d’avoir violé l’embargo sur les armes pour la Libye

Un rapport des Nations unies sur la livraison par une société canadienne de véhicules militaires tout terrain à la Libye en 2012, en violation de l'embargo international sur les armes, a provoqué un large tollé au sein de la société civile au Canada. Le gouvernement pense confier le dossier à la Gendarmerie royale, mais n'a pas condamné la société incriminée.

 

 

Le gouvernement de Justin Trudeau, qui a été destinataire d’un rapport des Nations unies sur la livraison, en 2012, par une société canadienne, Streit, de véhicules militaires tout terrain à la Libye, et ce, en violation des résolutions onusiennes instaurant un embargo sur les armes pour ce pays.

Le ministère canadien des Affaires étrangères a demandé, selon Radio Canada, à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d'effectuer une enquête sur la base de ce rapport. ''On ignore, toutefois, pour l'instant si la GRC va lancer une enquête en bonne et due forme sur les agissements du constructeur de véhicules blindés Streit Group'', précise la même source, qui ajoute que ''le gouvernement de Trudeau a dit vouloir laisser l'affaire entre les mains de la police.'' ''Il appartient à la GRC d'enquêter sur d'éventuelles violations à la loi canadienne, et c'est le Service des poursuites pénales du Canada qui doit déterminer, en s'appuyant sur les éléments disponibles, si le Canada a la juridiction pour poursuivre les contrevenants'', a affirmé le porte-parole du ministère, François Lasalle dans un communiqué.

Le comité onusien de suivi des sanctions contre la Libye reproche au groupe canadien le transfert illicite de 131 véhicules de transport de troupes (VTT) en 2012. Pour le ministère canadien des Affaires étrangères, les véhicules livrés à la Libye ont été construits dans l'usine de Streit aux Émirats arabes unis, et ''les transactions ne relevaient donc pas des politiques canadiennes en matière de contrôle des armements.''

 

Le Canada s'en lave les mains

 

Les enquêteurs onusiens ont rencontré en 2014 des représentants de l'entreprise canadienne qui leur ont remis des documents sur le type de véhicules livrés aux Libyens, des blindés de type Cougar, Spartan et Cobra. Bien que les dirigeants de Streit se soient défendus rejetant les griefs de la commission onusienne, celle-ci a considéré que ''la livraison de ces blindés constituait une violation de l'embargo.''

Pis, selon une enquête sur cette affaire réalisée par la télévision canadienne CBC News, les dirigeants de Streit ont poursuivi la livraison de blindés, mais non armés, à leurs clients Libyens, en dépit des avertissements de l'ONU. Ainsi, en 2014, deux années après le constat de la violation de l'embargo sur les armes, la société canadienne a-t-elle livré à la Libye au moins 79 blindés de types Typhoon et Spartan, affirme par ailleurs Radio Canada, qui ajoute que ''des groupes de défense des droits de la personne ont exigé qu'une investigation soit menée au sujet des livraisons faites en Libye et au Soudan du Sud.'' Et, dans les deux cas, écrit la même source, ''les enquêteurs de l'ONU ont constaté que Streit avait livré des véhicules blindés non armés, mais sur lesquels on avait plus tard installé des armes et qui avaient été utilisés dans les conflits sévissant dans les deux pays.''