Unanimes, vastes et inépuisables. Les soutiens à El Kadi Ihsane se comptent par milliers. Dernier en date, celui de la corporation qui unit ses voix et se mobilise partout dans le monde pour la libération du journaliste et la fin des entraves contre les médias qu’il dirige, Radio M et Maghreb Émergent.
16 patrons de rédactions de 14 pays, dont Dmitri Mouratov, prix Nobel de la paix, appellent à la libération de leur confrère Ihsane El Kadi. Réunis par Reporters sans frontières, ils sont les premiers signataires de cet appel et dénoncent une “attaque « intolérable » contre la liberté de la presse en Algérie et la détention abusive du directeur de Radio M et de Maghreb Émergent, sur des fondements « manifestement aberrants ». écrit RSF à quelques jours de l’examen du recours intenté contre l’ordonnance de son placement en détention, le 18 janvier.
« Nous, dirigeants de médias et de rédactions de différents pays du monde, considérons que l’incarcération d’Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Émergent, sur des fondements manifestement aberrants, constitue une attaque intolérable contre la liberté de la presse en Algérie. Elle porte gravement atteinte au droit à l’information qui est un droit de tous les citoyens, condition de la liberté d’opinion et d’expression et de la démocratie.
Outre le rédacteur en chef du journal Novaïa Gazeta et lauréat 2021 du prix Nobel de la paix, Dmitri Mouratov (Russie), la liste des signataires comprend, Carlos Sanchez directeur adjoint de El confidencial, Virginia P. Alonso directrice de Publico (Espagne) , Roula Khalaf directrice de la rédaction du Financial Times, le directeur exécutif du webzine Inkyfada Malek Khadhraoui (Tunisie), le directeur du quotidien Le Monde Jérôme Fenoglio (France), la PDG du Tinius Trust propriétaire majoritaire du groupe de médias Schibsted Kjersti Loken Stavrum (Norvège), Jérôme Chapuis directeur de la rédaction de La Croix , Amadou Tidiane Sy directeur de Ouestaf, (Sénégal), le rédacteur en chef adjoint du quotidien Gazeta Wyborcza Jaroslaw Kurski (Pologne) et d’autres grandes figures de la presse dans le monde.
Tous appellent les autorités à libérer leur confrère algérien, à abandonner les charges qui pèsent contre lui, ainsi qu’à rendre à ses médias Radio M et à Maghreb Émergent leurs outils de travail, afin que les plumes et les voix puissent reprendre leur activité.
“L’ampleur de l’indignation internationale est à la hauteur de l’atteinte gravissime à la liberté de la presse que constitue l’incarcération d’Ihsane El Kadi. La vague de répression dont il est la dernière victime en date démontre une volonté des autorités de faire taire les médias indépendants du pays. Les autorités algériennes doivent entendre cet appel lancé par les dirigeants de grands médias du monde », signe Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF.
Le Monde
L’arrestation dans la nuit du 24 décembre d’Ihsane El Kadi, présenté mains menottées – tout un symbole de criminalisation de la presse –, et la mise sous scellés des médias Radio M et -Maghreb Émergent par les autorités algériennes sont inadmissibles. Comment peut-on empêcher des équipes entières d’exercer leur fonction sociale tellement utile aux sociétés ? S’offusquent les signataires dont le Monde qui reprend dans ses colonnes le communiqué publié par l’Organisation Reporter Sans Frontières. Son arrestation, « intervenue quelques jours seulement après la publication d’articles critiques envers les autorités », a une « motivation politique ». Le Monde rappelle que l’ONG avait dénoncé auprès de l’ONU un « acharnement judiciaire »
La Croix
Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction de La Croix, s’associe à l’appel de dirigeants de médias du monde entier et publie la liste des signataires.
« Nous, dirigeants de médias et de rédactions de différents pays du monde, appelons l’Algérie à montrer son attachement au droit et aux valeurs démocratiques et à ne pas basculer vers la répression systématique. Nous appelons tous les professionnels des médias dans le monde à se joindre à nous pour enrayer et faire reculer cette vague de répression qui s’abat sur la presse en Algérie. » Atteste La Croix.
La FIJ
« Notre collègue Ihsane El Kadi a été arrêté alors qu’il n’a fait que remplir sa mission d’informer. Sa détention provisoire est inacceptable et constitue une atteinte flagrante à la liberté des médias». Déclaration du secrétaire général de la Fédération Internationale des Journalistes Anthony Bellanger qui demande « sa libération immédiate et inconditionnelle. »
La plus grande organisation de journalistes au monde, appelle les autorités algériennes à s’engager en faveur de la liberté de la presse et à permettre aux journalistes de travailler librement sans crainte de représailles. Elle est l’organisation qui s’exprime au nom des journalistes au sein des Nations Unies et du mouvement syndical international. L’arrestation d’El Kadi, qui s’ajoute à la fermeture de médias et « à la condamnation d’autres journalistes algériens ces derniers mois, s’inscrit dans le cadre d’une répression gouvernementale contre les médias. La FIJ qui exprime toute son inquiétude face à la situation des médias en Algérie représente 600.000 professionnels des médias dans 187 syndicats et associations dans plus de 140 pays.
Radio M
La Gauche écosocialiste dénonce « l’arrestation arbitraire de El Kadi Ihsane et la fermeture brutale, de ses médias » Radio-M. et Maghreb Emergent.
La première position partisane française, officielle, est rapportée par Radio M. Dans un communiqué, ses membre investis au sein de La France Insoumise soutiennent les rassemblements de solidarité initiés par les militant.e.s démocrates algérien.ne.s à Paris et dans le reste de la France, « toutes les initiatives de solidarité prises ou en cours », précise la GES qui appelle à la libération immédiate de El Kadi Ihsane et avec lui, la libération de toutes les personnes arrêtées pour leur expression ou participation au Hirak, ainsi que la réouverture de l’espace médiatique et de Radio M. et Maghreb Emergent.
La Gauche radicale affirme son soutien à la lutte des Algériens pour la liberté d’expression et d’organisation et l’Etat de droit, dans la lignée du Hirak qui, « a porté les mêmes exigences et aspirations. » précise le communiqué.