La poursuite des harcèlements qui ciblent des activistes et autres journalistes et les violations des libertés en Algérie continue de susciter l’intérêt des médias dans le monde. En Allemagne notamment, après la DW, c’est autour de la ARD, la Radio Diffusion allemande de s’intéresser « au cas El Kadi Ihsane ».Pour sa part, la très sérieuse BBC donne la parole pour la deuxième fois à Tin Hinan,la fille du journaliste El Kadi Ihsane, qui revient sur les dernières évolutions dans l’affaire de son père, depuis la confirmation de son mandat de dépôt.
Moins d’un mois après l’arrestation du journaliste, directeur des médias indépendants Radio M et Maghreb Emergent et la censure de ses sites, une autre dérive écorne l’image de l’Algérie : la dissolution de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) laquelle a appris sa dissolution sur les réseaux sociaux.
ARD Radio Diffusion Allemande
La radio allemande consacre un dossier à l’emprisonnement d’El Kadi Ihsane. Elle donne la parole à la fille du journaliste et à ses confrères. Éprouvée, sa fille présente lors de l’arrestation de son père à minuit trente il y a tout juste un mois, n’accepte pas les atteintes au droit du journaliste et son incarcération « arbitraire ». « Bien qu’on s’y attendait » affirme Tin-Hinane à la radio allemande. » Il est harcelé depuis deux ans, il a déjà été arrêté plus d’une fois, on lui a déjà retiré son passeport ». Pourquoi l’avoir arrêté de la sorte alors qu’il présentait toutes les garanties de sécurité et pourquoi son placement en détention provisoire? », se demande-t-elle.
Avant son arrestation, enchaîne la journaliste allemande, El-Kadi Ihsane « avait écrit un article où il parlait d’un éventuel second mandat du président Abdelmadjid Tebboune » et où il « remettait en cause la volonté du pouvoir de lutter contre la corruption ». Ce dernier a aussi mis sous scellés les deux médias qu’il dirige, rappelle ARD. » Nous ne nous attendions pas à la fermeture de nos locaux, pas de cette façon arbitraire et illégale ; ils ont pris notre matériel, nous ne pouvons plus disposer de nos studios et de notre siège de rédaction, fermés sans décision de justice » déclare Yasmina Baïr journaliste à Radio M, un des médias scellé.
« Les autorités ont persécuté tout le monde : des associations, des partis politiques, des journalistes, tous les médias libres pour faire taire les voix dissonantes » observe le vice-président de la ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme, Said Salhi exilé depuis quelques mois en Belgique.
Boubekeur Khaled, journaliste à Maghreb Emergent, ne cache pas lui son pessimisme. « Je pense que la répression va continuer longtemps » prédit-il sur les ondes de la ARD allemande.
https://www.deutschlandfunk.de/viele-jahre-haft-drohen-der-fall-des-algerischen-journalisten-ihsane-el-kadi-dlf-06527df5-100.html
BBC World
La BBC donne la parole, elle aussi, à Tin Hinan El Kadi, pour évoquer le cas de son père, le journaliste El Kadi Ihsane , incarcéré à la prison d’El Harrach, depuis un mois.
https://www.bbc.co.uk/programmes/p0dyb9x4
INFO Migrants
« C’est un glissement grave », lit-on sur les colonnes du site d’information destiné aux migrants à propos de la dissolution de la LADDH.
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme avait annoncé avoir appris sa dissolution sur les réseaux sociaux. « Une dissolution décidée sur la base d’un jugement rendu, il y a six mois, à son insu, à l’issue d’un procès tenu en son absence ». Souligne-t-on
« Aujourd’hui, ils se sont débarrassés du dernier témoin de la répression en Algérie « , affirme Said Salhi.
« Le journaliste Ihsane El-Kadi est toujours en détention provisoire (il a été arrêté le 29 décembre) et son groupe de médias a été fermé. Cette arrestation fin décembre s’ajoutait à la fermeture de médias et aux condamnations d’autres journalistes algériens, ces derniers mois », relève le journal électronique.
https://www.infomigrants.net/fr/post/46283/algerie–la-ligue-de-defense-des-droits-de-lhomme-apprend-sa-dissolution-via-les-reseaux-sociaux
Il Fatto Quotidiano
« Quand le journalisme libre porte atteinte à la sécurité nationale »
titre Il Fatto Quotidiano.
Selon le journal italien, au cours des cinq jours suivant la perquisition , el-Kadi a été interrogé sur son travail, notamment sur ses écrits concernant la situation politique algérienne et le rôle des forces armées.
C’est le 29 décembre, « lorsque le journaliste a comparu devant le tribunal de Sidi M’hamed qu’il a appris qu’il faisait l’objet d’une enquête pour avoir reçu des fonds, des dons ou des avantages pouvant porter atteinte à la sécurité de l’État ».
Le quotidien italien, bien informé, apporte d’autres précisions : « El-Kadi est également accusé d’avoir enfreint une loi de 1977 exigeant l’autorisation du gouvernement pour mener des initiatives de collecte de fonds ».
Le texte ne laisse rien au hasard et rappelle une énième entorse à la loi dans le cas El Kadi Ihsane:
« Sa détention provisoire a été renouvelée le 15 janvier par le tribunal de Sidi M’hamed à son insu et à l’insu de ses avocats, l’audience était fixée au 18 janvier », rappelle le quotidien.
« El-Kadi doit déjà purger une peine,(…) de six mois de prison pour diffusion de fausses nouvelles, en raison d’un article paru en mars 2021. « Le thème, toujours le même : le rôle dominant des militaires dans la vie politique en Algérie « , « un sujet tabou, évidemment », commente le journaliste italien.
https://www.ilfattoquotidiano.it/2023/01/23/algeria-il-caso-di-ihsane-el-kadi-quando-il-libero-giornalismo-danneggia-la-sicurezza-nazionale/6941377/amp/
INTERLIGNES
Le journal électronique algérien actualise ses informations et titre sur le blocage de Radio M et Maghreb Émergent.
« Les sites sont inaccessibles en Algérie, depuis une semaine », remarque INTERIGNES qui affiche une image saisissante pour accompagner son texte:
Des mains menottées tapotant sur un clavier, illustrant la répression des journalistes et les poursuites judiciaires dont ils sont victimes. Le site reprend le communiqué des journalistes où ils affirment prendre à témoin « l’opinion nationale et internationale sur les dérives liberticides » et « ignorer, tout comme lors du blocage de 2020, l’identité de l’ordonnateur de cette censure ».
https://inter-lignes.com/blocage-des-sites-de-radio-m-et-maghreb-emergent-les-journalistes-dinterface-media-sinsurgent/
LIBÉRATION
Le journal français publie une analyse de la situation en Algérie qui se dégrade.
La dissolution de la Ligue des droits de l’homme, « survient publiquement moins d’un mois après l’arrestation d’Ihsane el-Kadi, directeur des médias indépendants Radio M et Maghreb Emergent et un an après la dissolution du Rassemblement action jeunesse. L’association, qui fut à la pointe du Hirak », écrit Libération.
La dissolution de la Ligue, s’inscrit dans le cadre « d’une répression méthodique visant à empêcher la résurgence de tout mouvement comparable au Hirak et pouvant contester un régime dont la base sociale est extrêmement faible, surtout dans la perspective de l’élection présidentielle de 2024», note le quotidien de gauche.
Ce lundi 23 janvier, le centre de documentation en droits humains de la LAADH à Béjaïa – le bureau le plus actif de la Ligue, en Kabylie – a été placé sous scellé. « Au même moment, le chef d’état-major, Saïd Chengriha, entamait une visite officielle en France. Le président Abdelmadjid Tebboune y est attendu «pour le mois de mai prochain», selon la présidence algérienne », note le journal français.
https://www.liberation.fr/international/afrique/en-algerie-la-ligue-pour-la-defense-des-droits-de-lhomme-dissoute-en-toute-discretion-20230123_MYC4GSI7KVF6RBJD2G6LYUGXWQ/