Contrairement à leurs habitudes, les organisateurs de la troisième édition du Forum international de l’Internet (SIF 2014), qui s’est tenu le 27 et 28 Mai dernier à Stockholm, ont évité d’aborder la problématique de la sécurisation de l’Internet. Ils ont refusé d’inviter l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ce dernier, qui a dévoilé le cyber espionnage mondial mené par son pays, aurait pu apporter un témoignage supplémentaire, les conséquences de l’affaire des surveillances et interceptions des communications effectuées via Internet par les agences américaines de renseignement, et prouver ainsi aux participants au forum l’incapacité d’apporter une solution aux problèmes de sécurité de la toile internationale. Plusieurs acteurs du monde numérique ont alors affirmé que les déclarations de Snowden mettent en évidence la fragilité sécuritaire de l’information transitant par les routes de l’Internet. Snowden devient donc un personnage encombrant chez les partisans du « tout va bien » dans le Net. Si la NSA est capable d’aspirer toutes les trames de messages routées sur Internet, c’est que la pile des protocoles TCP/IP, utilisée par Internet dans le transport des données, se base sur un système défaillant en matière de protection des contenus des messages échangés entre les différents routeurs constituant le Net.
Selon Vint Cerf, co-créateur des protocoles TCP/IP et vice-président de Google, il est inutile de continuer à chercher une solution technologique pour sécuriser les échanges d’informations dans le Net. Pour lui, les vrais défis de l’Internet relèvent de la vie privée, la signature électronique valide, la propriété intellectuelle et la gouvernance politique. Le fait de continuer alors d’utiliser Internet comme interface de fusion entre les différents réseaux de transport planétaire filaires et mobiles signifie l’absence d’une alternative technologique aux protocoles TCP/IP. Ainsi, il faudra chercher une solution « humaine » pour mettre fin à l’utilisation de l’Internet, par les agences de renseignement, comme outil de destruction massive de la vie privée. Sur cette question, les propos de Snowden sont très clairs : « La NSA met le feu à Internet et vous êtes les pompiers », a-t-il dit. Pour lui, l’enjeu aujourd’hui est de « rendre la surveillance de masse plus coûteuse et donc moins pratique pour la NSA ». Mais qui prendra en charge cette démarche si l’on continue à ignorer le problème ?