Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet du roi du Maroc et ancien secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, a livré sa vision de politique étrangère dans une analyse intitulée «Pour une vision stratégique Europe – Méditerranée – Afrique» publiée sur le site de l’Institut de prospection économique en Méditerranée dans lequel siège notamment l’ancien ministre algérien Cherif Rahmani.
De prime abord, le conseiller admet que dans un contexte où la région euro-méditerranéenne est confrontée à des défis complexes, « le projet méditerranéen s’impose plus que jamais ». Et se désole du fait que malgré les efforts consentis par la politique européenne de voisinage (PEV), la construction d’un espace de stabilité et de prospérité partagées, tant attendu par les deux rives, tarde à se concrétiser ».
Le conseiller appelle ainsi l’Europe « à peser plus dans la région Méditerranée notamment, à travers l’Union pour la Méditerranée (UpM), qui a pour vocation de favoriser la coopération régionale et la cohésion des pays euroméditerranéens ».
Il fait même du Sud de la Méditerranée, qui dispose d’énormes potentialités humaines et naturelles, un véritable moteur de croissance économique pour l’Europe ce qui impliquerait pour elle « une coopération plus solidaire, en phase avec les priorités des pays du Sud et le renforcement de ses capacités d’action dans cet espace régional, tout en confortant le rôle de l’UpM en tant qu’acteur majeur dans la future configuration de la PEV ».
Quels mobiles le conseiller avance-t-il ? Il estime que « cela est nécessaire pour réduire les inégalités économiques et sociales, amoindrir les crispations identitaires qui se développent au Nord comme au Sud, car la stabilité et la sécurité de l’Europe et son redressement économique et productif, passent par la stabilité et le développement de la Méditerranée Sud ».
Ensuite, selon Youssef Amrani , « il convient donc de créer les conditions pour formuler des nouveaux modèles de croissance et de développement, plus inclusifs et durables, bénéfiques à toute la région à travers la valorisation des ressources des pays du Sud ».
Une meilleure intégration économique, en développant les infrastructures et en promouvant les investissements serait aussi la clé pour la promotion des valeurs cultuelles et culturelles « pour prémunir les jeunes de toute forme d’extrémisme ».
En contrepartie, cet ancien secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, explique que cela implique aussi que les pays du Sud, réalisent leur propre travail en interne, en termes de gouvernance, de démocratie, d’Etat de droit et de réformes structurelles ». Il plaide également en faveur de la promotion d’une approche régionale pour la pérennité de la paix et du développement ce qui appelle à la prise en compte de toutes les dimensions stratégiques, notamment africaine.
A ce niveau d’analyse, le conseiller met l’accent sur le fait que « le Maroc l’a bien compris en faisant le choix et le pari de l’ouverture sur son continent, en optimisant sa position. En termes économiques, le Maroc met en exergue « le projet régional visant la construction du gazoduc Nigeria- Maroc, qui générera de nombreux avantages en termes d’opportunités socio-économiques ».
En plus « le Maroc s’impose comme force économique majeure sur le continent, en renforçant sa dimension économique et technique, par l’implantation d’entreprises marocaines au service d’un projet africain commun et de ses bénéficiaires », est-il ajouté.