Les échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ont été lancés ce vendredi lors d’une cérémonie virtuelle initiée par le secrétariat de la Zone continentale, basée à Accra. la ZLECA est la plus grande zone de libre-échange au monde en termes d’Etats membres participants après la formation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
« C’est le début d’une nouvelle ère de commerce entre les pays africains », a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa tard jeudi dans son message du Nouvel An en commentant le début de la ZLECA.
Un énorme potentiel
Les données de la Banque mondiale montrent que le bloc commercial, qui rassemble jusqu’à présent 54 signataires, couvre une population totale de plus de 1,2 milliard d’habitants avec un PIB collectif de 3.400 milliards de dollars.
L’un des obstacles au développement économique de l’Afrique a longtemps été le faible taux de commerce intra-africain, qui représente actuellement 16 à 18% du commerce total de l’Afrique, soit un pourcentage bien inférieur à celui de l’Europe et de l’Asie, selon Atah Pine, chroniqueur pour la chaîne d’information Modern Ghana.
La ZLECA a le potentiel d’accroître le commerce intra-africain de quelque 52% d’ici 2022, selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
Les experts expriment leur conviction que la ZLECA offre une formidable opportunité aux entreprises déjà établies en Afrique ou qui cherchent à entrer sur le marché pour optimiser leur structure opérationnelle.
Avantages pour l’Afrique
L’objectif initial de la ZLECA est de favoriser le commerce intra-africain en améliorant l’accès au marché par la suppression progressive des droits de douane, l’élimination des barrières commerciales, l’harmonisation des lois et pratiques douanières et le renforcement de la coopération et des capacités.
Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, les pays africains pourraient engranger 20 milliards de dollars par an en s’attaquant simplement aux barrières non tarifaires qui ralentissent la circulation des marchandises.
L’Union africaine vise une libéralisation progressive qui, à terme, ouvrirait la voie à une union douanière et à une intégration régionale favorisant la libre circulation des personnes et des capitaux.
La ZLECA devrait cimenter le type d’unité qui est une condition préalable à l’Agenda 2063, un plan directeur pour transformer l’Afrique en une puissance mondiale du futur, selon Costantinos Bt. Costantinos, professeur de politique publique à l’Université d’Addis-Abeba en Ethiopie.
L’augmentation des échanges commerciaux intra-africains contribuera également à atténuer les difficultés des économies africaines après la pandémie de COVID-19, en permettant un commerce libre et sans entrave des produits de santé sur tout le continent.
« Le secteur manufacturier et les secteurs qui exportent vers d’autres pays africains en bénéficieront très probablement », estime Jannie Rossouw, directrice de l’Ecole des sciences économiques et commerciales de l’Université du Witwatersrand en Afrique du Sud.
D’ici 2050, l’économie africaine pourrait atteindre 29.000 milliards de dollars, car la zone de libre-échange continentale élimine les droits de douane sur 90% des biens produits sur le continent, s’attaque aux obstacles non tarifaires au commerce et garantit la libre circulation des personnes.
« La suppression des barrières commerciales attirera les investissements directs étrangers, car les investisseurs voudront investir dans un endroit qui a des politiques commerciales favorables. Cela signifie plus de possibilités d’emploi pour les populations locales », indique Dale Mudenda, expert en commerce international à l’Université de Zambie.
Les défis à venir
Malgré les avantages considérables que l’accord procurera à l’Afrique, les analystes soulignent que les conflits régionaux, la pandémie et d’autres formes de crises, ainsi que l’insuffisance des infrastructures, créeraient des difficultés pour son bon fonctionnement.
« Si la pandémie COVID-19, les troubles dans certaines régions et les catastrophes naturelles persistent, ils affecteront le bon fonctionnement de la ZLECA, car ils perturberont le commerce et les autres activités économiques qui ont lieu en Afrique ainsi qu’entre l’Afrique et le reste du monde », avertit Teddy Kaberuka, un analyste économique rwandais.
Dawie Roodt, économiste de la société de services financiers sud-africaine Efficient Group, déclare que les infrastructures sont une pierre d’achoppement majeure de l’accord commercial, et qu’un leadership politique sera nécessaire pour relever les défis afin de permettre un commerce fluide.
Confrontées à divers types de défis, les parties concernées expriment l’importance de bien mettre en œuvre la ZLECA.
« L’accord de libre-échange devrait être mis en œuvre car il s’agit de la seule voie du continent vers le développement durable », déclare David Luke, coordinateur du Centre de politique commerciale de l’Afrique de la CEA.
« Ne sous-estimons pas l’importance de l’accord de libre-échange de la ZLECA », déclare M. Luke, en soulignant qu' »il n’y a pas de plan B, nous devons faire en sorte que l’accord de libre-échange fonctionne ».