Le Dr Abderrahmane Mebtoul maintient le cap et confirme ses positions au sujet de la gestion des entreprises publiques et du processus de privatisation .
Au cours de la dernière émission de l’année 2015 de L’invité du direct de Radio M, Abderrahmane Mebtoul a livré un chiffre qui plante le décor :« les assainissements financiers à répétition des entreprises publiques ont déjà couté 70 milliards de dollars au Trésor public entre 1971 et 2014 ».
Le contexte économique récent marqué par de nouvelles annonces de recapitalisation de certains mastodontes publics inspire un très fort scepticisme à l’ancien Président de l’Association pour le développement de l’économie de marché (ADEM). Rien que pour El Hadjar, affirme l’expert algérien, le coût financier était déjà de 20 milliards de dollars au début des années 90 .Pour la SNVI , c’est encore pire ».
Le processus de privatisation face à des contraintes multiples
A propos du processus de privatisation des entreprises publiques, dont diverses sources annoncent la prochaine relance, l’ancien président du Conseil National de Privatisations (CNP) rappelle qu’il a très peu avancé au cours des 20 dernières années. Sa propre expérience à la tête de l’institution chargée de les mettre en œuvre entre 1996 et 1999 a été interrompue par « la dissolution pure et simple du CNP sans qu’on ait pu privatisé un clou ,en dépit du fait qu’une série d’Appels d’Offre aient été lancé, à l’époque, dans la plus totale transparence» affirme l’expert algérien. Sur Radio M, Abderrahmane Mebtoul souligne également que les tentatives de privatisations engagées sous son mandat se sont heurtées à des contraintes multiples parmi lesquelles figurent notamment la question des titres de propriété des entreprises privatisables. C’est ainsi que « le projet de privatisation de l’hôtel El Aurassi a été bloqué en raison du fait que seul un tiers du terrain d’assiette appartient à l’hôtel, le reste étant détenu par l’APC ».
L’article 66 vise à empêcher des opérations spéculatives
Pour Abderrahmane Mebtoul, l’une des mesures les plus controversées de la loi de finances 2016 contenue dans le fameux article 66 n’ouvre pas la voie à «un bradage du patrimoine public». Elle a au contraire pour objectif de créer une «minorité de blocage», à hauteur de 34% du capital, qui restera entre les mains de l’Etat en cas de privatisation d’une entreprise publique. Selon l’expert algérien, l’article 66 de la loi de finances 2016 va permettre à l’Etat algérien de s’assurer, à travers le maintien d’une minorité de blocage, que les objectifs assignés à la privatisation sont bien respectés par le nouveau management des entreprises dont la privatisation serait à l’avenir décidée par le gouvernement. « Il s’agit de vérifier que la privatisation s’effectuera conformément à un cahier des charges défini préalablement et qu’elle ne donnera pas lieu à des opérations spéculatives comme la vente d’actifs immobiliers ou de terrains ».
« Démonopolisation plutôt que privatisation »
Est-ce que le gouvernement doit aller plus loin dans les mois et les années à venir? Pour Abderrahmane Mebtoul la réponse est certainement positive. Pour des raisons financières, l’Etat ne pourra plus très longtemps maintenir sous perfusion des centaines d’entreprises déficitaires. La préférence et l’expérience de l’expert algérien le conduit néanmoins de plus en plus à recommander une démarche globale de « démonopolisation plutôt que de simple privatisation ». Explications : « le secteur public industriel, y compris Sonatrach, ça ne représente désormais pas plus de 200 000 emplois. Il faut ouvrir tous les secteurs à la concurrence et laisser les entreprises se débrouiller sans intervention du Trésor Public ».
Extraits vidéo : http://bit.ly/1mqmEl9
Ecouter l’émission: