Aussi étonnant que cela puisse paraître, depuis quatre ans, l’Institut National des Technologies de l’Information et de la Communication (INTTIC) d’Oran, ne peut plus encadrer des sujets de recherche ni des étudiants en post-graduation. Un constat regrettable livré par son directeur, Abdelmadjid Boutaleb.
Privé de recherche et de post-graduation depuis quatre années déjà, l’Institut National des Technologies de l’Information et de la Communication (INTTIC) d’Oran évolue dans une situation complètement irréaliste pour un établissement public de l’enseignement supérieur. Pour son directeur, Abdelmadjid Boutaleb, le constat est sans appel : sans recherche et sans post-graduation, cet institut, prédestiné pourtant à devenir un véritable pôle d’excellence avec l’ouverture du marché des TIC en Algérie, « est condamné au rôle d’un lycée de luxe ».
L’INTTIC est sous la double tutelle du Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication (MPTIC) et de celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). Mais cette double tutelle, qui a longtemps constitué un des atouts majeurs de l’Institut, notamment en matière de financements, semble aujourd’hui, remise en cause par le Ministère de l’enseignement supérieur, qui le considère désormais « hors de son secteur ». Conséquence, l’INTTIC n’assure plus, depuis l’année universitaire 2011-2012, année de l’abandon définitif de l’ancien système en Algérie, ni les diplômes de magister ni les masters du nouveau système LMD, et par ricochet, la mise en veille de tout le programme de recherche.
Une commission de tutelle pédagogique pour un Master
Depuis cette date, et si on excepte les formations complémentaires qu’il assure au profit du secteur utilisateur, l’INTTIC se limite à former uniquement des ingénieurs d’Etat en Télécommunications et en Technologies de l’Information et de la Communication. Une situation qui pénalise à la fois les quelques 52 enseignants chercheurs de cet établissement d’enseignement supérieur, mais surtout ses 516 étudiants, dont 80 sortants cette année avec des diplômes d’ingénieur qui ne semblent plus désormais assez concurrentiels auprès des organismes recruteurs, comparés aux diplômes de poste graduation délivrées par les autres écoles nationales dans ce domaine des TIC. C’est ce qui a poussé les étudiants de l’INTTIC Oran d’observer un arrêt de cours de plus de cinq semaines cette année avec comme principale revendication cette question relative aux diplômes de Master.
Interrogé à ce propos, le directeur de l’Institut, confirme l’existence d’un texte « qui permet aux écoles de proposer ce diplôme de Master à nos étudiants ingénieurs contre un volume horaire de cours supplémentaires de 200 heures ». « Nous avons déposé un dossier dans ce sens au niveau de la Conférence régionale des universités qui nous a été rejeté. Le 11 novembre dernier, nous avons également saisis le ministère de l’enseignement supérieur pour convoquer la Commission de la tutelle pédagogique composée de membres représentants le ministère des postes (MPTIC) et le ministère de l’enseignement supérieur (MESRS) », dit-il. Cette commission, ajoute notre interlocuteur, « devra se réunir fin janvier ou début février prochain pour trancher cette question des Master, et d’autres, dont celle ayant trait au recrutement des étudiants au sein de l’école ». « On souhaiterait revenir à l’ancien mode de recrutement (bac+2) afin de régler le problème du Tronc Commun Technique (cours de chimie, physique) qu’on assure actuellement à nos étudiants auprès de l’ENPO (Ecole Nationale Polytechnique d’Oran) dans le cadre de l’entre-aide entre les établissements universitaires.
D’énormes investissements pour s’arrêter en si bon chemin
Cette absence de poste-graduation et de recherche au niveau de l’INTTIC est d’autant plus incompréhensible quand on voit les moyens pédagogiques et humains assez importants dont dispose cet établissement, et les investissements importants qui y sont injectés. Pour le directeur de l’INTTIC, le ministère des postes et télécommunications a, en effet, mis le paquet pour faire de l’institut un pôle d’excellence dans le domaine. « Actuellement, nous a-t-il indiqué, deux consultations sont en cours, représentant des enveloppes de 50 et 60 millions de dinars pour l’acquisition d’un laboratoire de TP «radio» et d’un laboratoire de tronc commun ». Aussi, ajoute notre interlocuteur, « une opération de réfection de bâtiments et de travaux d’aménagement, dotée d’une enveloppe de 110 millions de dinars, est actuellement en cours d’exécution. Elle est destinée notamment à un bloc d’hébergement des étudiants et à l’aménagement d’un terrain de foot ». Il y a, par ailleurs, a-t-il affirmé, « une quatrième autorisation de programme qui fait l’objet d’une réévaluation, à cause de crédits insuffisants (225 millions DA) et qui va permettre à l’institut de bénéficier de nouveaux blocs pédagogiques et administratifs, dont quatre amphis, six salles de TD, quatre salles de TP, une bibliothèque et un cyber espace au profit des étudiants.