Au lendemain de la confirmation, jugée « arbitraire », de la détention provisoire du journaliste Ihsane El Kadi en l’absence de sa défense, par la chambre d’accusation de la Cour d’Alger, l’organisation Amnesty International a dénoncé un « clair piétinement » de son droit à un procès équitable.
« Le fait que la détention provisoire d’Ihsane El Kadi ait été prolongée en l’absence de ses avocats et que la Cour ne les ait pas informés du changement de date d’audience, piétine clairement son droit à un procès équitable », souligne l’ONG.
« Les autorités doivent le libérer immédiatement et permettre la réouverture de ses organes de presse sans censure des contenus critiques » a déclaré la directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, Amna Guellali.
« La détention injustifiée d’Ihsane El Kadi est une grave injustice exacerbée par la violation de ses droits à un procès équitable. C’est un nouvel exemple de la campagne acharnée des autorités algériennes visant à faire taire les voix dissidentes, en procédant à des arrestations arbitraires et en fermant des organes de presse » a-t-elle ajouté.
Elle considère «choquant et honteux » que les autorités algériennes « sanctionnent la liberté de la presse et le droit à la liberté d’expression sous prétexte d’assurer la sécurité nationale ».
« Ihsane El Kadi et tous ses confrères doivent pouvoir évoquer librement des questions liées à la sécurité, même lorsque cela implique de critiquer les détenteurs du pouvoir », ajoute Amna Guellali.
Ihsane El Kadi est poursuivi, selon ses avocats, pour les chefs d’inculpation : «réception de fonds d’une source étrangère à des fins de propagande politique», «réception de fonds et d’avantages d’organismes et de personnes de l’intérieur du pays et de l’étranger dans l’intention de commettre des actes susceptibles d’attenter à la sécurité et à la stabilité de l’Etat, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale » et «publication au grand public de contenus de nature à nuire à l’intérêt national et collecte de dons sans autorisation ».