Comment les pays de l’Afrique du Nord pourront-ils surmonter les défis actuels liés à la sécurité alimentaire et énergétique ? c’est l’objet d’un webinaire organisé, mardi 18 octobre dernier, par le Bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour l’Afrique du Nord.
En effet, la région de l’Afrique du Nord a été très fortement touchée par la récente série de crises. Cette situation a exacerbé les faiblesses structurelles, qui existaient de longue date, a entraîné une augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et l’affaiblissement des chaînes de valeur concernées, d’où une hausse de la faim et de la pauvreté, a déclaré Saad Lihniash Mohamed Abdullah, sous-secrétaire au ministère libyen de l’Économie et du Commerce.
Lihniash a indiqué que le moment était venu pour les pays d’Afrique du Nord de réduire leur dépendance aux importations, s’appuyer davantage sur les chaînes de valeur régionales, investir davantage dans les énergies renouvelables et utiliser au mieux le capital humain de la sous-région.
Dans le cas de l’Afrique du Nord, l’accès réduit à la nourriture et à l’énergie est lié à des problèmes structurels persistants, notamment une diversification limitée, une faible part du commerce intrarégional et une faible productivité agricole. Les crises en cours ont ramené la nécessité d’améliorer la sécurité alimentaire et énergétique au premier plan de l’agenda politique de l’Afrique du Nord. La ZLECAf et les progrès de la numérisation offrent aux pays de nouveaux outils pour relever ce défi, a déclaré Zuzana Brixiova Schwidrowski, Directrice du Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord.
Selon l’ancienne ministre mauritanienne de l’Environnement et du Développement Durable, Marieme Bekaye, les pays d’Afrique du Nord peuvent développer de telles stratégies en réformant les institutions et en améliorant la gouvernance du secteur, à l’instar du Maroc, qui a vu la création de plusieurs institutions spécialisées dans le domaine de la transition énergétique. Pour ce faire, les gouvernements doivent développer des compétences techniques nationales et promouvoir la recherche et la coopération régionale par le biais de politiques énergétiques nationales convergentes, un domaine dans lequel la CEA pourrait soutenir les pays.
La question de la sécurité alimentaire est particulièrement préoccupante au Soudan, où, selon l’ONU, un tiers de la population, soit 15 millions de personnes, est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, a déclaré Yassin Amin, point focal national des ODD pour le Soudan. Certaines zones des plus touchées ont été caractérisées par des conflits et des déplacements prolongés, ce qui souligne le besoin de paix et de stabilité.
Le webinaire sur « Sécurité alimentaire et énergétique en Afrique du Nord sur fond de crise mondiale multiforme » a été organisé dans le cadre des préparatifs de la réunion conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest, prévue du 1er au 3 novembre 2022, avec pour but d’identifier les domaines d’intervention clés des pays d’Afrique du Nord pour améliorer leur résilience et préserver le bien-être de leurs populations respectives.
Les échanges survenus au cours de la réunion ont mis en avant la nécessité pour les pays d’adopter des approches exhaustives, multiformes et inclusives de la sécurité alimentaire et énergétique qui prennent en compte des dimensions telles que les objectifs de développement agricole, la création d’emplois dans les zones rurales, l’adaptation au changement climatique, la transition vers les énergies renouvelables par opposition au pétrole.
Les céréales, par exemple, sont actuellement une composante majeure de l’alimentation nord-africaine. Cependant, la production dans la sous-région est actuellement incapable de répondre aux besoins de la population, l’Afrique du Nord représentant 16 à 17 pour cent des importations mondiales de blé. Le secteur agricole de l’Afrique du Nord reste généralement caractérisé par des niveaux de productivité plus faibles et une forte dépendance aux précipitations bien que la région soit exposée aux effets du changement climatique.