La vision chinoise envers le continent africain commence à changer et ce n’est pas une question de désintéressement, mais une nouvelle approche d’investissement basée sur l’efficacité et la qualité.
Selon un rapport du Global Development Policy Center, un think tank rattaché à l’Université de Boston (États-Unis), les prêts accordés par la Chine aux gouvernements africains en 2022 ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2004, pour s’établir en dessous de 1 milliard de dollars.
La baisse des prêts reflétée dans les données de Global Development Policy Center survient alors que plusieurs pays africains sont aux prises avec des crises de la dette et que la propre économie chinoise fait face à des vents contraires.
L’Afrique a été au centre de l’ambitieuse initiative Belt and Road du président Xi Jinping ( BRI ), lancé en 2013 pour recréer l’ancienne route de la soie et étendre l’influence géopolitique et économique de la Chine grâce à une poussée mondiale de développement des infrastructures. Le thik tank estime que les prêteurs chinois ont fourni 170 milliards de dollars à l’Afrique entre 2000 et 2022.
Alors que les gouvernements africains ont largement accueilli favorablement les prêts chinois et les projets d’infrastructures, les critiques occidentaux ont accusé Pékin d’imposer aux pays pauvres une dette insoutenable. La Zambie – un emprunteur chinois majeur – est devenue le premier pays africain à faire défaut lors de la pandémie de COVID-19 fin 2020. D’autres gouvernements, dont le Ghana, le Kenya et l’Éthiopie, sont également en difficulté.
En outre, la baisse de la valeur des prêts chinois au cours des deux dernières années ne s’explique pas seulement par l’impact de la pandémie du coronavirus, mais aussi par le fait que la Chine se détourne du financement des grands projets infrastructures sur le continent, où de plus en plus de pays souffrent du poids de la dette. Deux autres facteurs entrent aussi en jeu : le recentrage de l’empire du Milieu sur ses priorités nationales et l’adoption d’une nouvelle approche relative à l’initiative des « Nouvelles routes de la Soie » basée sur des projets plus petits, de meilleure qualité et plus respectueux de l’environnement (Green, small and beautiful).
Le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Angola, l’Ouganda, le Ghana, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont été les principaux emprunteurs en 2021 et 2022. Cette composition des emprunteurs est différente de celle des années précédentes, puisque des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont emprunté pour la première fois une part importante en valeur.