L’ancien chef du gouvernement et candidat déclaré à la présidentielle du 17 avril, Ahmed Benbitour a annoncé lundi dans une conférence de presse à Alger, son retrait et appelle au boycott du scrutin.
Benbitour rejoint ainsi le front du boycott lancé par les leaders du RCD, Ennahda et le MSP, afin de « discréditer politiquement » l’élection du 17 avril prochain, à laquelle le président Bouteflika a fait annoncer sa candidature.
L’ex-candidat Benbitour a assuré avoir récolté les signatures exigées par la loi pour la validation de son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel. Mais il considère que « les urnes feront l’objet d’un piratage » au profit du candidat Bouteflika, chose qui l’a amené à se retirer de la course. « Nous n’allons pas baisser les bras pour autant, » a-t-il lancé.
Pour Benbitour, le taux de participation à la présidentielle « ne dépassera pas les 10% », ce qui enlève tout crédit à ce scrutin.
Benbitour propose de « préparer un pacte social comme base de la nouvelle constitution où sera banni le monopole du pouvoir par des groupes immoraux et incompétents ». Mais le changement du sytème, selon lui, « doit aller au-delà des personnes ».
Dans son allocution lue devant la presse, l’ancien chef de gouvernement a dénoncé «l’usage inconsidéré des deniers publics» par le clan acquis au président sortant, «le maintien d’un gouvernement dont les membres sont notoirement connus pour leur allégeance au candidat président», «la défaillance des mécanismes de régulation de la société par l’instrumentalisation de la justice», «la vassalisation de l’administration» et «la confiscation des médias audiovisuels publics». Toutes ces conditions, déclare Benbitour, font que les élections du 17 avril 2014 «se présentent, une fois de plus, comme une rupture du pouvoir avec le peuple».
Forces de la fraude
L’ancien chef de gouvernement déplore que les «forces de la fraude» aient une nouvelle fois pris le dessus sur l’argumentaire convaincant. «La constitutionnalité et la légalité étant bafouées, il ne restera au peuple que la disqualification de tout ce qui émane du pouvoir ? », a déclaré Benbitour. Ce sont toutes ces raisons qui ont dicté son retrait de la course, précisant que cela n’est pas lié à son incapacité à rassembler les signatures réglementaires. Ainsi, il a affirmé avoir collecté jusqu’à ce lundi matin plus de 85.000 signatures des citoyens avec 1500 signatures dans 29 wilayas.
Benbitour a saisi l’occasion pour annoncer son «soutien et sa solidarité actifs» à aux partis ayant lancé un appel au boycott et les appelle à investir la rue pour s’opposer à un quatrième mandat de Bouteflika. Ahmed Benbitour a rappelé aux «forces du changement» la nécessité d’engager des actions politiques «d’envergure» avec la forte mobilisation du peuple.
Lire la déclaration politique de M.Ahmed Benbitour