« Rien ne va du point de vue de la communication » entre les opérateurs et les institutions en ce qui concerne la question des énergies renouvelables, a confessé le ministre de l’Energie Mustapha Guitouni.
Cinq défis devraient être relevés par l’Algérie afin de réussir la transition énergétique vers le renouvelable, a déclaré aujourd’hui l’ancien ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar qui intervenait à la première conférence-exposition consacrée à cette thématique.
Le premier défi à relever, selon lui, est « industriel », directement lié à la production des énergies renouvelables qui devraient, a-t-il dit, être organisées suivant le modèle du secteur des hydrocarbures. « Il faut mettre en place un système incluant un amont, un aval et des services liés à la production des énergies renouvelables », a-t-il assuré.
Le deuxième défi est celui de la « gouvernance ». Une démarche qui implique impérativement la mise au point d’une cartographie nationale liée au potentiel en énergies renouvelables de chaque région du pays. Cette cartographie permettrait, a-t-il fait remarquer, de prendre les bonnes décisions mais devrait également être une source fiable d’informations au profit des investisseurs potentiels.
Le troisième défi, d’après Abdelmadjid Attar, est celui des nouvelles technologies qui évoluent de façon très rapide dans la branche spécifique des énergies renouvelables. « Il faut accompagner le programme national de développement des énergies renouvelables par une veille technologique », a-t-il conseillé.
Autre priorité, celle de la réglementation. Pour l’intervenant, les énergies renouvelables devraient avoir une loi spécifique à l’image de la loi sur les hydrocarbures. Une loi propre à ce secteur pourrait lui donner les moyens de se développer pleinement, a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, il a préconisé la mise en place d’un dispositif fiscal allégé et incitatif au profit des opérateurs du secteur des énergies renouvelables.
Il parlera, en outre de la nécessité d’accorder la priorité à la formation des techniciens algériens afin de suivre le rythme des changements que connaît le secteur des énergies renouvelables à travers le monde. Une mission qui devrait être prise en charge à la fois par les universités et les centres de formation.
L’année 2017, une année blanche pour les énergies renouvelables
M. Abdelmadjid Attar a déploré, par ailleurs, le fait que l’année 2017 ait été une année blanche en matière de production dans les énergies renouvelables en Algérie. « Durant l’année 2017, il n’y a eu aucun Mégawatt installé en Algérie », a-t-il regretté.
Comme pour enfoncer le clou, l’expert en énergies renouvelables, Mouloud Bakli a assuré que pour réaliser le programme national de développement des énergies renouvelables qui s’étale jusqu’en 2030, l’Algérie est censée produire 1,1 Gigawatt durant la seule année 2018. Il a précisé, néanmoins, que cet objectif était à la portée des entreprises algériennes. « Je suis persuadé que nous avons dans cette salle de conférence assez de potentiel pour produire 1,1 Gigawatt », a-t-il dit. Il a rappelé, dans ce contexte, que la production d’un Gigawatt impliquait automatiquement la création de 40.000 emplois.
Réagissant au propos d’Abdelmadjid Attar, le P-DG de Sonelgaz, Mohamed Arkab a tenu à préciser qu’en matière d’énergies renouvelables, ce n’était pas totalement le désert en Algérie. Des projets pilotes ont été lancés mais aussi des formations au profit des cadres de Sonelgaz. « Sonelgaz dispose aujourd’hui de 300 ingénieurs formés sur les énergies renouvelables», a déclaré le P-DG. Il avouera, cependant, que ce chiffre reste «insuffisant», mais fera tout de même remarquer qu’il s’agit d’un noyau qui sera développée de façon continue.
Guitouni veut impliquer Youcef Yousfi
Intervenant à son tour, le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni a évoqué deux questions qu’il considère comme essentielles au développement des énergies renouvelables en Algérie. La première est celle de l’industrie des composants nécessaires à la production des énergies renouvelables. Pour ce faire, Guitouni a dit vouloir impliquer directement le ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi. « Je vais demander au ministre de l’industrie de nous accompagner dans tout ce qui a trait à l’aspect industriel », a-t-il promis.
La deuxième question prioritaire, à ses yeux, est celle de l’adoption d’une réglementation facilitant davantage l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables.
Par ailleurs, le ministre de l’Energie a indiqué que la communication entre les opérateurs et les institutions était l’un des problèmes essentiels du secteur des énergies renouvelables en Algérie. « Rien ne va du point de vue de la communication », a-t-il confessé.