Le décret qui fixe les conditions d’appel d’offres national et international pour la production et la distribution de 4.000 mégawatts d’électricité d’origine solaire a été adopté ce mercredi. Appel d’offres hors gabarit.
La réalisation des champs solaires et la distribution des 4 GW d’électricité qu’ils généreront sera attribué aux soumissionnaires les moins disant sur le prix du kilowattheure (kwh). C’est cette option qui a donc été retenue par le gouvernement algérien dans les conditions de l’appel d’offres définit par un décret mercredi dernier en conseil du gouvernement. L’appel d’offres est le plus important jamais lancé dans le monde pour un même type de contrat dans l’énergie renouvelable.C’est le ministre de l’industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb qui l’a annoncé jeudi en marge de la cérémonie de signature de conventions de partenariat entre Sonatrach et deux groupes industriels publics. L’option de la sélection des soumissionnaires par l’approche prix du kwh était pressentie depuis le mois d’octobre dernier. « Pour diverses considérations tels que la baisse des coûts des équipements sur le marché international et le recours grandissant, à travers le monde, aux appels d’offres pour mettre en compétition les investisseurs et réduire le kwh produit à partir des énergies renouvelables, l’Algérie va recourir à ce mécanisme afin de protéger le consommateur en lui offrant une énergie propre et durable à un prix du KWh le plus bas possible », avait assuré Nourredine Bouterfa lors du salon des énergies renouvelables à Oran.
Les « feed in prices » entre parenthèses
L’autre option pour développer la production de l’électricité solaire, celle d’un prix du kilowattheure garantit par l’Etat algérien client, et possible depuis l’établissement d’une grille de « feed in prices » (prix garantis) en 2014, est donc mise entre parenthèse. Elle avait été critiquée par Abdelaali Badache ancien président du régulateur de l’électricité et du gaz (CREG), lors de son passage dans « l’invité du direct » de RadioM. L’expert indépendant avait jugé les prix garantis par l’Etat algérien trop généreux pour les futurs producteurs et ne tenant pas compte du chamboulement mondial de l’industrie du solaire depuis qu’elle a basculé en territoire chinois. Le prix de l’électricité solaire est devenu, selon A Badache, compétitif face à l’éolien dont la maturité industrielle est beaucoup plus ancienne. Il existait aussi la possibilité de réviser à la baisse le prix du kilowatt du « feed in price », le prix garantit par le client, mais le gouvernement a fait le choix du risque concurrentiel en allant vers un appel d’offres au moins disant. L’autre condition, l’industrialisation partielle des équipements des champs solaires en Algérie, leitmotiv depuis des années chez Nourredine Bouterfa, est prévue également dans le cahier des charges de l’appel d’offres adopté par le gouvernement. Sans toutefois plus de précisions, à ce stade, sur le niveau de coercition de cette condition sur les soumissionnaires.
Un programme très en retard
L’appel d’offres géant pour la génération de 4 GW d’électricité solaire s’inscrit dans le cadre du déploiement du Programme national de développement des énergies renouvelables, à travers lequel le gouvernement aspire à atteindre un niveau de production de 22.000 mégawatts d’énergie électrique renouvelable à l’horizon 2030, soit un taux de 37% de la production nationale globale d’électricité. Le gouvernement algérien est très en retard dans le déploiement de ce programme. Il va générer au mieux 375 MW d’électricité verte à la fin de l’année 2017. Le programme prévoit de livrer 4500 MW (4,5 GW) d’électricité d’origine renouvelable à 2020.