Avec la croissance du parc automobile, un gisement énorme de pneus usagés s’est constitué à travers tout le territoire du pays. Bien que la loi autorisant la création d’unité de recyclage de ce produit considéré comme déchet dangereux existe, l’investissement dans ce créneau, pourtant porteur à long terme, ne semble pas emballer les opérateurs économiques.
Le recyclage des pneus usagés est un concept nouveau en Algérie pour lequel le terrain n’est pas encore préparé. Une seule entreprise agréée active dans ce créneau porteur. « Douib Recyclage Caoutchouc », implantée dans la wilaya de Sétif est entrée en activité depuis deux ans.
Présente au salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable (ERA 2014), organisé au centre des conventions d’Oran du 27 au 29 octobre, cette entreprise est venue faire connaitre son produit une fois recyclé et transformé. L’occasion aussi de parler de son parcours pour arriver à s’imposer sur le marché national.
Le gérant de « Douib Recyclage Caoutchouc », M.Douib Abdelmalek nous a présenté lors de ce salon, avec fierté son entreprise qu’il a pu mettre sur pied après une galère avec l’administration. «Nous avons attendu deux ans pour avoir l’agrément. Au début, la situation était difficile pour nous, compte tenu des problèmes d’ordre bureaucratiques que nous avons rencontrés. Mais avec l’installation du nouveau ministre de l’environnement, les choses se sont beaucoup améliorées », raconte ce jeune gérant.
L’autre problème auquel a dû faire face cette entreprise est la collecte des pneus usagés. Il s’agit d’une prestation de service payante et facturée et qui nécessite une autorisation délivrée par le même ministère. M.Douib Abdelmalek nous explique que « pour la récupération de ce déchet dangereux, l’entreprise doit payer une somme représentant en moyenne 20% du coût de recyclage ». « En tant qu’entreprise de recyclage, nous délivrons à nos clients une facture qu’il doivent légaliser afin de bénéficier d’une réduction sur la taxe de l’environnement », enchaine-t-il.
Cependant, pour certaines entreprises, le payement de cette prestation de service constitue un problème du fait qu’une telle dépense n’est pas incluse dans leur budget. C’est le cas, nous dit-il, d’une entreprise de carburant implantée dans la wilaya de Béchar qui dispose d’un stock important de pneus usagés et qui n’arrive pas à le vendre à « Douib recyclage Caoutchouc » pour ce problème de payement.
Une taxe pour l’importation du granulat
En tant qu’entreprise spécialisée dans la fabrication de granulat de caoutchouc à partir des pneumatiques usagés non réutilisés, « Bouib recyclage » plaide pour que l’importation du granulat soit taxée. Le responsable du service commercial de cette entreprise, M.Aouadj Abdelkader, présent à ce salon, nous a expliqué que « pour encourager la production nationale et la création d’entreprises de recyclage, « nous demandons au premier ministre d’intervenir pour instaurer une taxe sur le granulat importé ». « Une lettre dans ce sens a été adressée au premier ministre », ajoute-t-il.
Pour activer, cette entreprise a importé l’équipement de l’étranger. Des machines d’une capacité de 500 kg par heure. Pour 1.200 tonnes de pneus recyclés, 960 tonnes de granulats sont produites et 240 tonnes de textiles et d’acier. Les granulats produits sont utilisés dans diverses applications : les sols sportifs, les sols récréatifs, les enrobés modifiés aux élastomères ou encore les pièces moulées.
Une fois recyclé, le pneu est utilisé comme gazon synthétique pour les stades de football sous forme de granulat libres maintenant les fibres d’herbe synthétique. Broyés finement sous forme de poudrette, les pneus peuvent également être incorporés aux revêtements routiers, ce qui baisse le niveau sonore du passage des véhicules et limite partiellement l’aquaplaning.
Comme projets d’avenir, la Douib recyclage compte investir pour la création de centre de collecte et la mise en place d’un broyeur mobile afin de régler le problème de récupération de ce déchet.