La situation à Ghardaïa demeure encore tendue et aucun signe d’amélioration ne pointe à l’horizon, après le semblant de médiation du Premier ministre Abdelmalek Sellal.
« L’intervention de Abdelmalek Sellal n’a fait qu’empirer les choses », s’offusque un citoyen de la communauté ibadite dans la vieille cité de Ghardaia. Cette dernière, donnait ce mercredi, l’image d’une ville morte avec des magasins fermés, hormis quelques rares téméraires. Les approvisionnements en denrées alimentaires se font au compte-goutte. Les sachets de lait sont vendus aussitôt livrés. Le carburant manque aussi. Un air de tension enveloppe les lieux. Des mozabites, adossés à leurs magasins fermés, font les sentinelles, guettant le moindre mouvement suspect des habitants malékites. D’autres se massent en groupuscules sous le regard des policiers et des gendarmes venus en renfort.
C’est dans ce climat qu’ont eu lieu les funérailles, ce mercredi 21 janvier, du jeune Kebaili, tué dimanche dernier dans des accrochages entre mozabites et des groupuscules de la communauté malékite, selon les témoignages de citoyens rencontrés au cimetière. L’homme de 39 ans, père de quatre enfants, était maçon de profession. La levée du corps s’est faite dans ambiance surchargée, ponctuée par des appels de «mort aux criminels», à venger le mort. Des voix sages s’élevaient pour clamer les esprits. Après l’enterrement, la foule s’est dispersée dans le calme, sous le regard des gendarmes postés dans les zones de contact entre mozabites et arabes.
Rassemblement pour la libération des détenus
Parallèlement, les familles des mozabites arrêtés par la police lors des échauffourées des derniers jours, tenaient un rassemblement devant le siège de la wilaya de Ghardaïa pour réclamer leur libération. Selon des membres de la Cellule de crise et de suivi de la ville de Ghardaïa, environ une vingtaine de mozabites seraient détenus dans les commissariats de la police. Le rassemblement s’est déroulé sans heurts avec les forces de l’ordre. Les protestataires de la communauté mozabite ont crié leur injustice devant le traitement de la police : « les mozabites se font agresser et ce sont eux qui se sont arrêter. Y a-t-il pire injustice ? ».
Les mozabites ont dénoncé le parti pris des éléments de la police nationale en faveur de la communauté arabe. Ils affirment détenir des preuves filmées de scènes durant lesquelles les éléments de la police auraient fait preuve d’une « flagrante connivence » avec les malékites.