Ghazi Hidouci affirme que « le recours à la planche à billets est une option qui conduit à l’aggravation du déficit extérieur » et permettre à certains affairistes « d’utiliser l’Etat pour voler de nouveau, se protéger et accumuler ».
Lancien ministre de l’économie (1989-1991) Ghazi Hidouci considère, dans une tribune récente publiée par Algeria-Watch, que l’amendement de la Loi sur la Monnaie et le Crédit a été faite pour permettre à certains riches d’utiliser l’Etat à leur guise et pour leurs intérêts. « Au lieu de faire ce travail dans l’ordre, le gouvernement marche sur la tête : il attaque systématiquement l’Etat par cette révision arbitraire de la loi, nie la monnaie et l’impôt qui seul doit couvrir le déficit, et nous cache son unique mission : permettre à quelques riches d’utiliser abondamment le même Etat pour voler de nouveau, se protéger et accumuler. Imaginer qu’en tirant de la monnaie pour couvrir le déficit immense du Trésor, sans contrepartie et croire, en même temps, que la fiscalité ne doit pas couvrir obligatoirement le déficit, dans un an, deux ou cinq, est, rigoureusement, une fumisterie », écrit-il. Pour lui, cette démarche du Gouvernement Ouyahia est dangereuse et va carrément mettre à mort la LMC. « La LMC dans sa dimension originelle ; même sérieusement paralysée, pouvait en période de crise aider à assainir en partie la situation financière. Ouverte à la création monétaire sans contrepartie, cette invalidation de la LMC annonce officiellement la mort de la monnaie nationale. Mais les nantis n’ont pas à s’insurger car en définitive, seuls les détenteurs de revenus fixes, les marginaux et le développement, seront ainsi amplement punis, accroissant encore plus les inégalités, » affirme-t-il en précisant que, dans l’absolu, l’Etat algérien n’a pas de politique monétaire. Et de trancher : « La monnaie est le résultat d’une décision collective. Elle ne peut être pensée comme un instrument destiné à favoriser la spéculation et le vol. Les nouveaux tirages envisagés ne créent pas de nouveaux actifs, ils enrichissent des propriétaires privilégiés et assèchent les réserves extérieures. Ces actifs inutiles sont le résultat de la corruption endémique, voulue, pour continuer à spolier les citoyens. Ces spéculateurs d’Etat font bien plus de victimes et de dégâts que la délinquance sur la voie publique. Ce sont eux les responsables de la mort de la banque centrale. Leurs crimes ne sont pas punis, car les fonctionnaires ne peuvent rien entreprendre de leur propre initiative. »
Vers l’aggravation du déficit extérieur
Ainsi, selon Ghazi Hidouci, « le recours à la planche à billets est une option qui conduit à l’aggravation du déficit extérieur au contraire de ce que le texte affirme ». « Si la dévaluation n’est pas avouée, la monnaie sera flottante mais pour une politique aventureuse ; jusqu’où ? Elle a déjà des retombées négatives sur la viabilité de la position extérieure du pays. Dire que ce risque est écarté en raison de l’existence très provisoire de réserves de change relève de la supercherie. Personne ne connaît d’ailleurs le niveau réel de ces réserves », a-t-il expliqué non sans souligner que « ce qui se fait aujourd’hui va conduire, non pas dans l’immédiat, mais dès que cet argent mal acquis sera budgétairement consommé, à une dévaluation démesurée, d’une dimension inimaginable à ce stade par la population ».