Le problème n’est pas tant la crise financière que la crise de management et d’anticipation.
En Algérie, malgré le boom des télécommunications mobiles, le programme « Algérie numérique » demeure encore au stade du rêve, et la réalité montre que le pays est touché de plein fouet par une crise financière qui sera cruelle pour le développement digital du pays.
En fouinant dans les informations apportées au cours de cette semaine, nous avons relevé les propos tenus par la ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication et du Numérique, Mme Houda Feraoun, lors d’un atelier technique sur la digitalisation, organisé en marge du salon Expofinances 2017.
La ministre a appelé des experts à chercher le modèle numérique le plus adéquat à l’économie du pays. Cet appel est arrivé à un « timing » défavorable à la mise en équation d’un modèle digital destiné à un pays. La crise financière et la perte de crédibilité des acteurs du numérique du pays auront un impact dévastateur sur le développement de l’Algérie digitale. Dans un pays où la parole des experts et spécialistes des technologies du digital ne fait pas bon ménage avec la démarche de Houda Feraoun, la feuille de route du numérique devra concerner le long terme et conditionner un aménagement spécifique des structures impliquées dans un tel processus.
Il serait donc essentiel de tenir compte de l’importance d’avoir une « mer numérique » calme pour pouvoir tracer un cap. Inclure les outils d’accès au monde du numérique dans la liste des produits interdits à l’importation serait fatal à notre capacité à tirer le meilleur parti du digital. Ces outils ont révolutionné le concept de l’économie numérique en offrant aux utilisateurs l’opportunité de produire de la data, devenue un vecteur de pouvoir dans l’économie numérique.
La crise nous a fait découvrir les difficultés financières du haut débit, à l’origine de la baisse du débit des connexions ADSL et mobile. Comme la demande en connectivité évolue de façon très rapide, l’offre de la bande passante internationale doit suivre cette évolution, à travers la multiplication des raccordements de l’Algérie vers les points d’accès internationaux. C’est une opération très coûteuse qui met en évidence l’impact négatif de la crise sur le processus du financement des infrastructures des télécommunications dans un contexte d’explosion des besoins en bande passante.
Mais le problème n’est pas tant la crise financière que la crise de management et d’anticipation, qui n’a pas pu prévoir une hausse de la consommation data pour envisager de faire évoluer nos infrastructures. Comme les hirondelles, les technologies du numérique ne font pas le printemps. Il en faudrait plus pour qu’elles puissent propulser le pays vers le progrès économique. Ce « plus » qui nous manque, c’est une vision d’avenir pour anticiper les besoins et ne pas contenter d’une simple gestion du quotidien. Malgré tout, Bonne Année 2018.