La création d’un nouveau ministère consacré aux énergies renouvelables constitue la dernière initiative de développement de la production d’énergie solaire et éolienne menée par le gouvernement algérien.
En mai, suite à des élections législatives, le nouveau gouvernement a créé le Ministère de l’Environnement et des Energies Renouvelables (MEER) afin d’axer les efforts sur la sécurité énergétique et les énergies durables.
Le nouveau ministère a pour mission d’augmenter la part des énergies propres dans le bouquet énergétique du pays, conformément aux objectifs fixés par programme de développement des énergies renouvelables lancé en 2011.
Ce programme, qui a été actualisé l’an dernier, entend faire passer la capacité de production électrique à partir des énergies renouvelables à 22 000 MW d’ici 2030, soit 27% du bouquet énergétique, contre une contribution actuellement de l’ordre de 2%.
L’énergie solaire photovoltaïque se taillera la part du lion, représentant 61,7% des projets commandés, suivie de l’énergie éolienne (22,7%), du solaire thermique (9%), de la biomasse (4,5%), de la cogénération (1,8%) et de la géothermie (0,07%).
Exploiter le soleil pour un projet historique
La construction d’une centrale solaire d’une capacité de production de 4 GW, annoncée par le gouvernement en mars, constitue l’un des principaux projets prévus dans le cadre du programme de développement des énergies renouvelables. Une fois achevé, le projet représentera près d’un tiers de la puissance ajoutée par les projets réalisés dans le cadre du programme.
L’appel d’offres sera scindé en trois lots d’1,3 GW qui seront attribués à trois candidats différents et donneront lieu à la conclusion de contrats d’achats d’électricité valables pour une durée d’au moins 20 ans. Les centrales solaires photovoltaïques, dont la capacité installée atteindra au minimum 100 MW pour chacune d’entre elles, seront installées sur différents sites dans la région des Hauts Plateaux et au sud du pays.
En mai, le ministre de l’énergie alors en fonction, Nourredine Boutarfa, avait annoncé que le prix de référence prévu pour l’appel d’offres ne devrait pas dépasser les 4 dinars (0,03 euro) par KWh – soit environ un cinquième du prix de l’électricité produite par la centrale solaire photovoltaïque de 3 MW récemment ouverte à Djanet.
La Compagnie de l’Engineering de l’Electricité et du Gaz, filiale de la société nationale Sonelgaz, supervisera à la fois le processus d’appel d’offres et la mise sur pied des entreprises créés spécialement et chargées du financement ; de l’ingénierie, de l’´équipement et de la construction ; du raccordement au réseau ; et de la vente de l’électricité.
Conformément aux limites fixées pour les investissements étrangers dans le pays, les entreprises créées spécialement seront détenues à 51% par des investisseurs algériens et à 49% par des acteurs internationaux. D’après les médias, la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach participera à hauteur de 40% dans chacun de ces projets, le contrôle des 11% restants étant assuré par Sonelgaz et d’autres compagnies algériennes publiques ou privées.
En juillet, la nouvelle ministre de l’environnement et des énergies renouvelables, Fatma Zohra Zerouat, a annoncé la formation d’un comité ad hoc pour l’appel d’offres, dont l’examen final sera publié, selon les médias, en même temps que son nouveau plan d’action en matière de développement des énergies renouvelables.
Renforcer la capacité locale
Afin de tirer profit de la hausse attendue de la demande de composants de centrales solaires, le gouvernement a confirmé en début d’année que l’exigence de fabrication de composants serait inscrite dans les conditions de l’appel d’offres.
Des acteurs locaux ont toutefois émis des doutes quant à la possibilité de satisfaire à cette exigence étant donné la taille actuelle de l’industrie photovoltaïque en Algérie et la hauteur des investissements qui seraient nécessaires au développement de capacités de fabrication suffisantes pour couvrir le projet 4 GW.
S’exprimant dans les médias algériens à la fin mars, Mourad Louadah, Président de la Commission des Energies Renouvelables au Forum des Chefs d’Entreprises, a déclaré que «dans ces conditions, les projets ne seront pas bancables».
A l’heure actuelle, il n’existe que deux usines de fabrication de panneaux solaires photovoltaïques en Algérie – la première, lancée par la joint-venture franco-algérienne Aurès Solaire, est située près de Batna et dispose d’une capacité de production de 30 MW de panneaux solaires tandis que la seconde, située à Bordj Bou-Arréridj et d’une capacité de 50 MW, est exploitée par le groupe algérien Condor Electronics.
Souhaitant répondre aux inquiétudes soulevées quant à la viabilité du développement de la fabrication de panneaux solaires en Algérie, le gouvernement a annoncé fin mai un projet de création d’un nouveau cluster des énergies solaires à Alger, destiné à soutenir les entreprises locales.
Si le chantier n’a pas encore démarré, la presse algérienne a toutefois déjà annoncé que 16 petites et moyennes entreprises et centres de recherche s’étaient ralliés au projet.