Les chiffres sur la téléphonie mobile 3G, rendus publics par l’Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) pour marquer le premier anniversaire du lancement de l’Algérie de cette technologie ont surpris plus d’un.
En moins d’une année, à fin novembre 2014, le nombre d’abonnés l’Internet mobile 3G a atteint 8,2 millions d’abonnés dans 39 wilayas, dont certaines n’ont été couvertes que très récemment, contre 1,5 millions d’abonnés Internet du réseau fixe (ADSL). Le taux de pénétration d’internet est passé ainsi de 6 % en 2013 à plus de 24 % au 31 novembre 2014. Les trois opérateurs de la téléphonie mobile (Mobilis, Djezzy, Ooredoo) ont pu couvrir 39 wilayas en une année dont 17 par au moins deux opérateurs et 10 par trois et proposer 138 offres 3G dont 103 offres permanentes et 35 offres promotionnelles.
Ces chiffres ont dépassé les espérances des acteurs du secteur et sont très loin des prévisions de l’ARPT qui avait tablé, faut-il le rappeler, sur un essor limité de la 3G en Algérie. « Pas plus de trois millions d’abonnés en cinq ans, lorsque toutes les régions du pays seront couvertes », avait déclaré le président de l’Autorité de régulation, M’Hamed Toufik Bessaï, lorsque le lacement de la 3G a été au creux de la vague d’un nouveau report pour absence de décret exécutif. Il avait également prévu une couverture de 28 wilayas au bout de la première année et un déploiement progressif, avec « au bout de la troisième année, au moins un opérateur par wilaya ».
Pour Ali Kahlane, Président de l’Association de providers algériens (AAFSI), cette erreur dans la prévision vient, du fait qu’on n’ait pas pris au sérieux le lancement de la 3G, de même qu’on n’a jamais vu de manière sérieuse l’écosystème du mobile et de l’internet combinés. « Cela a plutôt été pris à la légère », a déclaré M. Kahlane, qui était l’invité, la semaine écoulée, d’une émission de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, rappelant que les responsables en charge du dossier de la 3G sont « avant tout des bureaucrates en train de gérer une technologie aussi rapide ».
Il faut dire que si les prévisions « minimalistes » du régulateur ont été démenties par le marché, c’est grâce aux efforts de déploiement des opérateurs et de l’agressivité des offres proposées dans un environnement ultra concurrentiel. Car le déroulement du processus de lancement de la 3G n’a pas été de tout repos pour les opérateurs. Il faut relever, à ce propos, l’exigence de la double numérotation qui était justifiée, au débit, par un souci de séparer les fiscalités des deux licences (2G/3G), « la seule solution viable sur le plan juridique », selon le régulateur qui a fini par y renoncer 7 mois plus tard. Il y a aussi le principe de déploiement territorial progressif, imposé par les autorités, qui a privé certaines wilayas du réseau 3G avec une exclusivité territoriale pour certains opérateurs.
« L’exclusion » de certaines wilayas imputée aux opérateurs
L’ARPT, loin d’assumer des prévisions en deçà des capacités d’un marché très demandeur, n’a pas trouvé mieux que d’imputer « l’exclusion » de certaines wilayas du pays du réseau de la 3G aux opérateurs. « La non couverture de certaines wilayas ne résulte pas d’une décision de l’ARPT mais du choix des opérateurs qui, dans le mécanisme de déploiement progressif décidé, ont prévu de ne les couvrir qu’à partir de la troisième année », explique l’ARPT dans son bilan annuel, estimant qu’ « il est donc faux de penser comme certains titres de presse l’ont rapporté, que c’est le fait du régulateur qui ne saurait en être tenu pour responsable ». Or, c’est bien le régulateur qui a décidé de ce déploiement progressif ainsi qu’une exclusivité territoriale temporaire pour les opérateurs, suscitant l’inquiétude de l’Association des consommateurs (APOCE) sur les inégalités qui allaient toucher des régions entières au nom la rentabilité de l’investissement des opérateurs dans ces régions.
Et l’ARPT persiste : « Que celles (wilayas, ndlr) qui ne le sont pas encore ne soient concernées que l’an prochain est le résultat de la rège du jeu de la progressivité du déploiement et non un choix délibéré du régulateur ». Le régulateur se justifie par le fait que c’est « la règle de la progressivité du déploiement, pratiqué du reste depuis la première licence en 2001, qui a toujours prévu un dépliement sur plusieurs années et qui veut que les opérateurs ne puissent se déployer partout en même temps ». « C’est pourquoi les opérateurs ont un choix à faire. Le déploiement est donc le choix de ces derniers. D’autres wilayas que celles qui le sont aujourd’hui auraient de toutes façons été ajournées si le choix des opérateurs avait été autre », explique encore l’ARPT sans remettre en cause.