Pour le Conseil national économique et social, la décentralisation est plus que nécessaire en Algérie afin de rapprocher l’Etat des citoyens et permettre aux élites locales et les entrepreneurs de prendre en charge leur propre développement.
Donner suffisamment de pouvoir aux Collectivités locales afin qu’elles prennent elles-mêmes en charge leur propre développement, c’est l’appel lancé par Mustapha Mékidèche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), invité aujourd’hui de la radio nationale.
Le communiqué du Conseil des ministres présidé mercredi par Abdelaziz Bouteflika a tenu compte, affirme Mékidèche, de certains aspects des recommandations du CNES, notamment cette nécessité de décentralisation et cette proximité entre l’appareil d’Etat avec les populations, à la fois pour répondre à leurs besoins en matière de service public mais également initier un développement régional. « Ce qui manque aujourd’hui, c’est qu’on n’ait pas pris suffisamment compte de la nécessité de donner encore plus de pouvoir aux élites locales qui émergent, pour qu’elles puissent peser sur le développement de leur propre territoire», a déclaré M. Mékidèche.
Culture Jacobine
Le vice-président du CNES, souligne une « culture jacobine » très présente en Algérie, qui fait qu’un wali a plus de pouvoirs qu’un président d’Assemblée populaire de wilaya (APW), alors que le P/APW, sensé être l’ « élu » de la population devrait, selon Mékidèche, avoir un pouvoir beaucoup plus important que celui qui lui est octroyé par le Code communal et de wilaya en vigueur.
Poursuivant son plaidoyer pour plus de décentralisation dans la gestion des affaires des collectivités, Mékidèche ajoute que « ce n’est pas uniquement une démarche de haut en bas, mais une démarche qui part aussi des territoires afin qu’ils puissent construire leur propre développement territorial ». Pour cela, il est nécessaire qu’il y ait, au niveau local, suffisamment de pouvoir donné aux représentations politiques et aux élites pour prendre en charge leur propre développement.
Lever les ambiguïtés via la Constitution
«Le pouvoir central doit se dessaisir de certaines prérogatives au profit des collectivités territoriales», a-t-il dit. A la veille du lancement des consultations pour la révision constitutionnelle, le principe de la clarification des différents pouvoirs est important pour une meilleure visibilité pour l’avenir, a estimé Mustapha Mékidèche. « Il apparait qu’on passe d’une démarche technocratique à une autre consultative, puisque vont être consultés à la fois la classe politiques y compris l’opposition, mais aussi la société civile dans toute sa composition », a déclaré le vice-président du CNES. Il relève l’existence de problèmes centraux qu’il va falloir prendre en charge afin de lever les ambiguïtés de la Constitution, notamment sur quatre points essentiels : la liberté de presse, l’alternance avec comme corollaire la limitation des mandats présidentiels et le statut de l’opposition, et la séparation des pouvoirs.