Les nouvelles technologies ont cela de particulier. Point besoin de passer par les bancs de l’Université pour s’y frayer un chemin. Plongée dans le monde des débloqueurs de téléphones…
Le déblocage des téléphones portables, comme activité de service, est devenue un véritable business, dynamique et prospère. Le nombre de prestataires se multiplie au rythme de celui des usagers des smartphones. A Oran, au quartier Plateau, l’incontournable marché des terminaux mobiles, une bonne partie des téléphones d’occasion soumise au déblocage, provient d’Europe, et particulièrement de France. L’activité a su s’adapter à la nouvelle demande générée par la généralisation des téléphones intelligents et les nouveaux défis que cette dernière a engendré pour ceux qui ont investis cette filière, dont la majorité sont de formation autodidacte. Ces « professionnels » du déblocage du téléphone mobile sont généralement jeunes, d’un niveau scolaire plutôt moyen, mais partageant tous la même passion, la même curiosité pour tout ce qui est nouvelles technologies. Mais au-delà de cet aspect passionnel, cette activité permet surtout à une bonne partie de ces jeunes de gagner correctement leur vie. Certains ont su passer, en quelques années, du statut de simples « freelances » qui s’amusaient, pour des sommes toutes modiques, à débloquer des téléphones chez eux, à celui de véritables prestataires de services qui proposent en sus des services de déblocage, des prestations de maintenance de toutes sortes et de vente de pièces de rechange et d’accessoires en tous genres.
Déblocage : mode d’emploi
Sur la place d’Oran, les prestations de déblocage peuvent se négocier aujourd’hui entre 1.000 à 6.000 DA, mais ça peut aller jusqu’à 20.000 dinars lorsqu’il s’agit d’acquérir le code de la part d’un opérateur, nous explique Hamza, jeune spécialiste en déblocage de smartphones Android. « Des prix, définis par la marque du téléphone et sa valeur sur le marché, mais aussi et surtout, par la complexité et la difficulté de la prestation demandée », précise-t-il. Au tout début de cette activité, raconte-t-il, avec les téléphones de l’ancienne génération, il était surtout question de « flashage », c’est-à-dire de formatage des téléphones. Un service à différencier de celui du déblocage. Selon Hamza, le flashage est une prestation qui continue toujours à être sollicitée. Elle intervient généralement après qu’un utilisateur ait bloqué accidentellement son téléphone en tentant de le déverrouiller, suite à plusieurs tentatives d’introduire un code erroné. Le flashage consiste donc à réinitialiser le téléphone à sa configuration originelle à sa sortie d’usine. Cette prestation reste abordable. Elle est assurée pour des prix qui varient entre 200 dinars et 1.000 dinars, selon le modèle. Quant au déblocage, il est sollicité lorsque qu’un téléphone acquis généralement à l’étranger auprès d’un opérateur mobile à un prix promotionnel assorti d’une condition de fidélité à l’opérateur. Dans ce genre de cas, le téléphone en question se bloque instantanément dès qu’on introduit une carte SIM autre que celle de l’opérateur ayant vendu le l’appareil. On parle alors d’un téléphone « simlocké » (bloqué pour la carte SIM d’un opérateur donné). Pour le rendre utilisable à nouveau, en Algérie, il est donc nécessaire de le débloquer ou le « desimlocker ». Cela est possible grâce à un code à chiffres, obtenu généralement directement auprès de l’opérateur. Mais pour ce faire, il faudrait préalablement disposer de l’IMEI du téléphone (International Mobile Equipment Identity), un numéro composé de 15 chiffres (14 chiffres utiles + 1 chiffre de contrôle) qui permet en cas de vol, d’interdire l’utilisation de l’appareil sur n’importe qu’el réseau mobile. « La communication du code de déblocage par l’opérateur (étranger) est gratuite lorsque le téléphone a été acquis depuis plus de 3 mois, sinon nous tenus de payer jusqu’à 70 et 80 euros pour l’avoir. C’est ce qui rend parfois les prestations de déblocage plus couteuses », précise encore Hamza. Mais ces cas restent plutôt exceptionnels. Selon lui, la plupart des terminaux débloqués ont été acquis depuis plus de trois mois. La fourniture de leurs codes de déblocage est donc assurée gratuitement par l’opérateur.
Les méthodes alternatives
Hamza continue de « révéler » le monde du déblocage des téléphones. « Il est également possible de débloquer le téléphone sur Internet. De nombreux sites permettent de débloquer certains modèles de smartphones. Beaucoup ne sont pas gratuits, avec parfois un délai d’attente trop long. Il est possible aussi de télécharger gratuitement un logiciel de déblocage sur le Web. Bien que cette opération soit légale, certains modèles ne sont pas débloqués. Cette méthode nécessite un câblage spécifique pour connecter le téléphone à l’ordinateur », ajoute-t-il. Toutes ces méthodes permettent de débloquer un bon nombre de modèles de téléphone de différentes marques comme Samsung, Apple, Nokia et Sony Xperia. « Toutefois, certains iPhone d’Apple restent indécodables. Il s’agit essentiellement des modèles bénéficiant du système iCloud proposé par la firme. C’est un système réputé incontournable, particulièrement en cas de vol de l’appareil qui donne la possibilité d’effacer à distance toutes les données contenues dans l’appareil ». Mais même ce système sophistiqué a des failles, selon des spécialistes du déblocage rencontrés à Oran. Cela exige néanmoins que le téléphone n’ait jamais été allumé depuis son vol. Dès lors, il suffit d’accéder, même écran verrouillé, au centre de contrôle afin d’activer le mode avion. Cette mise en quarantaine offre la possibilité de se prémunir contre la puissante fonctionnalité disponible sur iCloud, à savoir la possibilité d’effacer à distance le contenu de l’appareil.