L’expert en Energie, Climat et Développement Durable Lamine Kadi, estime dans la Revue Algérienne de l’Environnement que le programme national de transition énergétique est réaliste et l’Algérie est sur la bonne voie. Cependant, ce programme fait face à des défis majeurs tels la transparence dans la gestion des fonds, la promotion de la recherche et de la technologie dans le domaine ainsi qu’une bonne gouvernance intersectorielle.
Les énergies renouvelables ont été hissées au rang de priorité nationale le 23 février par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Dans sa contribution au deuxième numéro de la Revue Algérienne de l’Environnement-revue créée en septembre 2015 par Mouhamed Benelhadj- l’expert en Energie, Climat et Développement Durable Lamine Kadi, estime que l’Algérie a de nombreux atouts dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, et que le calendrier « réaliste » pour opérer cette transition énergétique au vu des capacités institutionnelles, scientifiques et techniques de l’Algérie se situerait sur la période 2021-2030.
Lamine Kadi précise que le programme national des énergies renouvelables mis en place en 2011 et actualisé en 2015, fait appel à toutes les sources et technologies d’énergies renouvelables actuellement disponibles à l’exception de l’hydraulique. Ce programme qui prévoit l’installation, à l’horizon 2030, d’une capacité de production d’électricité d’origine renouvelable de 22 GW qui représentera une part de 37%, prévoit une phase de montée en régime entre 2015 et 2020 (4,5 GW), lequel sera suivi d’un déploiement massif pour atteindre ses objectifs en 2030. Le choix de ce mix du renouvelable qui repose sur le solaire photovoltaïque et l’éolien, (le solaire thermique n’en représentant que 9%) est motivé par « la baisse des coûts des filières photovoltaïques et éoliennes », a-t-il estimé.
Le financement, principal défi de ce programme
« Les défis de ce programme est tout d’abord la résolution de la problématique complexe de son financement, compliquée après la chute des prix du pétrole », estime Lamine Kadi. Il précise que le financement prévu à travers le fonds national des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la cogénération (FNERC), alimenté par la redevance pétrolière (1%) est lui même compromis en raison de la baisse de cette même redevance. Pour ce qui est du recours aux financements extérieurs, Dr Kadi estime que les investissements verts devront être portés fatalement par des acteurs hautement qualifiés. Relevant qu’aucune évaluation du coût du programme n’a été rendue publique à ce jour, cet expert en énergie renouvelable opine qu’il est difficile d’effectuer une quelconque analyse sur les besoins et les modes de financement possibles. Il recommande d’imaginer et de prospecter d’autres voies et notamment celle de s’insérer dans des chaines de valeur internationales et régionales afin d’accélérer les transferts technologiques. Ce dernier peut se faire par le recours à des partenariats solides.
Le défi est aussi scientifique et technologique
Dr Kadi regrette le fait que l’Algérie qui ambitionne de devenir un leader mondial dans le domaine des énergies renouvelables, n’a aucune initiative sérieuse de développement des capacités scientifiques et technologiques.
« La veille stratégique et l’intelligence économique, inséparables d’une stratégie ambitieuse réelle, sont totalement absentes », note-t-il, en elevant que le système de formation et de recherche scientifiques, reste toujours coincé dans son schéma de fonctionnement mono disciplinaire.
Plus de transparence dans la gestion des fonds
L’expert en Energie, Climat et Développement Durable estime que seule une meilleure gouvernance de l’intersectorialité peut garantir l’efficacité et la réussite des politiques publiques de cette transition énergétique escomptée. Il préconise aussi plus de transparence en ce qui concerne la gouvernance des fonds dédiés à la transition énergétique,( Fonds National des Energies Renouvelables et de la Cogénération et le Fonds National pour la Maîtrise de l’Energie). Reconnaissant que l’économie algérienne demeurera dominée par les hydrocarbures pendant encore des décennies, Lamine Kadi juge que l’Algérie est sur la bonne voie, mais qu’il reste à redéfinir les objectifs et les stratégies de mise en œuvre dans le cadre d’un débat scientifique et démocratique, serein, sans préjugé ni a priori.