Les travaux de réalisation de la pénétrante autoroutière devant relier la wilaya de Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest sont quasiment à l’arrêt. Dernier écueil en date, des propriétaires terriens touchés par le tracé, mécontents du montant des indemnisations proposées par l’Etat.
L’annonce a été faite par le premier responsable du secteur, le directeur des Travaux publics, M. Ourabah lors de la session ordinaire de l’APW de Béjaïa, tenue les 22 et 23 janvier. Principal écueil à l’origine de ce blocage : les oppositions des propriétaires terriens dont ceux de la commune d’Amalou, directement concernés par le tracé de cette voie rapide attendue depuis des années et présentée comme un poumon pour l’économie de la région.
Des sources locales estiment à quelque 2.000, le nombre de personnes à réclamer des indemnisations au «prix du marché». Dans la seule commune d’Amalou, ils seraient plus de 400 personnes. En plus des propriétaires terriens, localisés dans les villages de Biziou et Gribou, il faut compter en outre des maisons à démolir pour libérer le couloir de servitude. Les pouvoirs publics ont mobilisé quelque 810 milliards de centimes pour le dédommagement des expropriés du projet de la pénétrante, mais aussi pour y déplacer les réseaux électriques, téléphoniques, d’AEP… etc.
Divergences sur le prix du mètre carré
Nos sources ajoutent que les prix du mètre carré pratiqués par la direction des Domaines, pour les parcelles de terrains objet de l’expropriation et oscillant entre 1.250 DA et 2.000 DA, sont jugés « insignifiants par rapport à ceux pratiqués sur le marché ». Or, l’administration des Impôts travaille sur la base de tarifs nettement plus élevés que les prix proposés pour les indemnisations. Le service de redressement ne manque d’ailleurs aucune occasion pour sévir lorsque le montant déclaré entre deux particuliers, lors de transactions immobilières, est jugé insuffisant.
Une situation qui a amené les élus de l’APW de Béjaïa à adopter une résolution dans laquelle ils sollicitent l’intervention du Premier ministre pour « une réévaluation à la hausse du prix du M2, en fonction des cours réels, ce qui permettra de lever les contraintes rencontrées, le redémarrage des travaux et l’achèvement du projet dans les délais impartis.». Les élus de l’APW de Béjaïa ont mis en garde ensuite sur le fait que ces contraintes «risquent d’entraîner des retards» considérables sur le projet, espéré depuis des années par les populations locales.
Coup dur au dynamisme économique de la région
Le projet de pénétrante autoroutière était très attendu par les populations locales, excédées par l’isolement fait la région en matière d’infrastructures routières, mais aussi par les opérateurs économiques activant sur le territoire de la wilaya ou en dehors. Le port de Béjaïa étant l’un des plus dynamiques du pays, se plaçant en seconde position après celui d’Alger, en termes de trafic de marchandises et d’hydrocarbures. L’Entreprise portuaire de Béjaïa a d’ailleurs clôturé l’exercice 2013 par la réalisation d’un trafic global de plus de 20 millions de tonnes ; un trafic en hausse de 1,76% par rapport à 2012.
Aussi, plusieurs entreprises publiques et privées, choisissent le port de Béjaïa pour y recevoir ou expédier leurs marchandises. L’EPB ayant réduit le séjour en rade des navires, cela se traduit par des baisses substantielles des surestaries. Ainsi, de grandes entreprises à l’instar de Cevital, Candia, Danone, Général Emballage, Soummam, Ifri, Sonatrach, Naftal et l’ENMTP, profitent amplement de leur proximité avec le port, mais leurs managers souffrent le martyre quand il s’agit d’acheminer les marchandises sur les routes surchargées de Béjaïa.