Les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN) des partis de la majorité ont adopté la loi de finances 2016, sous les protestations de l’opposition. Aucun amendement apporté par l’opposition n’a été adopté. Pourtant, tous portent sur des dispositions qui engagent une orientation de la politique économique vers « un libéralisme sauvage ».
Houleuse, aura été la séance du vote de la loi de finances 2016 de ce lundi à l’Assemblée nationale. Et pour cause tous les amendements apportés par l’opposition ont été bloqués. La séance a été systématiquement chahutée et le déroulement du vote perturbé par les députés de l’opposition.
La protestation des députés des groupes parlementaires du FSS (Front des forces socialistes), du PT (Parti des travailleurs), de l’Alliance pour l’Algérie verte et du Parti de la Construction nationale a atteint son point culminant lorsque l’article 66 relatif à l’ouverture du capital des entreprises publiques, abrogé en Commission, a été réintroduit par le ministre des finances, Abderrahmane Benkhalfa. Ce dernier a usé de son droit pour tenter un coup de force contre la volonté de la Commission des finances de l’Assemblée. Il a proposé une reformulation de cette disposition qui stipule entre autres que « les entreprises publiques économiques qui réalisent des opérations d’ouverture de capital en direction de l’actionnariat national résident doivent conserver au moins 34% du total des actions ou des parts sociales ». Il a précisé que l’actionnariat national résident peut prendre la totalité cinq années après la cession.
Le putsch
Ce ‘’putsch’’ du gouvernement a été suivi par l’adoption de l’article 71 qui prévoit que le ministre des Finances peut décider l’annulation ou le gel de projets sans recourir au Parlement, à travers des «décrets d’ajustement». Ce qui a poussé les groupes parlementaires de l’opposition à chahuter le déroulement de la séance, en occupant la tribune sous les slogans « arrêtez le pillage des deniers publics », « halte à la trahison ».
Les députés son sortis par la suite, hors de l’hémicycle, pour protester contre ces mesures qui « profitent à l’argent sale au détriment du peuple », selon les contestataires qui ont improvisé un sit-in dans le boulevard Zighout Youcef. Entre temps, les députés de la majorité ont voté la loi de finances. Une loi qui, faut-il le rappeler, a été fortement décriée non seulement pour son caractère qui porte l’empreinte « de l’oligarchie » et de « l’argent sale », selon les députés de l’opposition, mais aussi pour les mesures anti-sociales qu’elle comporte avec l’augmentation des tarifs des carburants et de l’énergie.