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Algérie – Ouvrir l’économie au privé sans le substituer à l’Etat (opinion)

Par Yacine Temlali
février 1, 2015
Algérie – Ouvrir l’économie au privé sans le substituer à l’Etat (opinion)

Pour l’auteur de cette contribution*, « l’étatisme à outrance, en cas de malaise social, cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d’Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l’opinion sans qu’intervienne la moindre médiation ».

 

 

Du fait des ajustements sociaux douloureux à venir avec la chute du cours des hydrocarbures de longue durée, la mobilisation de tous les acteurs politiques, sociaux et économiques, une plus grande participation du secteur privé national, ainsi que l’intégration de la sphère informelle au développement du pays, deviennent impératives.

Il existe des lois universelles : tout monopole politique, social ou économique est source de surcoûts et d’inefficacité. La concurrence dans les domaines politique, social et économique permet le développement multidimensionnel de toute société, conciliant  efficacité économique et justice sociale grâce à une participation citoyenne.

En Algérie, existent des liens dialectiques entre la logique rentière, le monopole politique, social et économique, d’un côté, et, de l’autre, l’extension de la sphère informelle (monopoleurs informels, notamment dans la sphère marchande). Incontestablement, sous la pression des mutations sociales internes, aucune société n’étant figée, nous assistons à l’ouverture timide du champ politique  et à des débats contradictoires. L’ouverture des médias au secteur privé, par exemple (presse écrite, sites internet, télévisons), encore que beaucoup reste à faire, permet au citoyen algériens d’être mieux informé. L’ouverture des télécommunications lui permet de mieux communiquer.

Il faut démystifier l’apport du secteur privé national et international, créateur de valeur ajoutée y compris dans les services – qui, en ce XXIe siècle, sont des créateurs de valeur et des segments améliorant le service public – et ce sans substituer un monopole public à un monopole privé beaucoup plus néfaste. Cependant, il ne faut pas être utopique : cela suscitera de fortes résistances de la part des monopoleurs rentiers. Aussi, il appartiendra au secteur privé algérien de s’organiser en une force représentative, évitant cet émiettement des organisations patronales afin de faire évoluer les rapports de forces.

Nous avons fondé l’Association du développement de l’économie de marché (ADEM) en 1992, avec des centaines de cadres du secteur public, des opérateurs privés, des universitaires  de toutes les régions du pays et nous avons diffusé notre programme en arabe, en anglais et en français, au niveau local et international. A ce titre, je me félicite des initiatives récentes du Forum des chefs d’entreprises( FCE) qui poursuit notre action au profit exclusif de l’Algérie, notamment en ce qui concerne l’ouverture au secteur privé national de l’investissement dans le transport aérien et maritime, qui doit s’élargir à d’autres activités où l’Algérie est importatrice, et dynamiser la production et l’exportation hors hydrocarbures dans le cadre de partenariats gagnants/gagnants public-privé local et privé/public local-privé international.

 

Le dialogue est à la base de la bonne gouvernance

 

Il existe dans tous les pays développés démocratiques ou en transition un dialogue entre patronat privé et pouvoirs publics, le dialogue étant l’outil de la bonne gouvernance. Un dialogue serein avec les pouvoirs publics est ainsi nécessaire. L’Algérie est appelée à évoluer au sein d’une économie ouverte (tarif douanier zéro horizon 2020) et donc éviter d’être assistée en exigeant des transferts de rente.

Mais attention aux désinformations. L’économie de marché ne saurait signifier la fin de l’Etat. Bien au contraire, l’Etat concilie les coûts sociaux et les coûts privés et joue un rôle important dans les orientations stratégiques, en levant les contraintes d’environnement mais ne substituant jamais aux opérateurs publics ou privés. Car la création de richesses permet d’accroître la fiscalité source du fonctionnement de l’Etat.

C’est que la conception basée sur une superposition forte entre secteur public, entreprises publiques, monopoles, activité limitée du territoire national, etc. doit faire place à l’efficacité de gestion, à la concurrence. La nouvelle politique socio-économique en Algérie devra être marquée, en ce début du XXIe siècle, par l’innovation mais également éviter qu’une économie qui produit la richesse ne détruise les liens sociaux dans un univers où la plupart des structures d’encadrement (familles, religion, syndicats) sont faibles et bon nombre d’entre elles sont des appendices bureaucratiques sans impacts de mobilisation. L’étatisme à outrance, en cas de malaise social, cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d’Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l’opinion sans qu’intervienne la moindre médiation.

 

(*) Abderrahmane Mebtoul est professeur des Universités et expert international en management stratégique

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